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Poème Appli pour rimer automatiquement ?

Peniculo

Grand poète
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#1
Appli pour rimer automatiquement ?


En deux mille cinq cent huit pour rimer quelques mots
Il fallait recourir à la muse robot
Pour dix ou vingt crédits dans son petit panier
Elle faisait rimer café avec clapier
Et vous aviez en prime un morceau de césure
À coller dans le texte en guise de parure.

Elle avait en mémoire tous les rimeurs connus
Depuis la nuit des temps, même les farfelus,
Et tirant au hasard un peu des vieux auteurs
Elle osait des salades qui flanquaient la terreur
Seuls tapis en secret un cent de réfractaires
Délaissaient le présent et lisaient Baudelaire.

On les condamna donc à la modernité
Car poésie qui rime est une vétusté.
Au début, en passif, le peuple supportait
Un vain déséquilibre et des pieds imparfaits.
Mais un poémophile atteint par une muse
Dit il faut résister à ce temps qui nous use.

Il sortit ses cartons qui avaient vu jadis
Des poèmes brillant d’un sonore artifice,
Essuya prosodie qui prenait la poussière
Lui disant qu’à nouveau elle faisait carrière
Et dressa la césure à chevaucher à l’aise
Juste sur l’hémistiche où se tenait sa chaise.

Dans la cacophonie aux accents déplaisants
On entendit alors des chants plus ravissants
On compta quelques pieds qui formaient des accords
Car la rime teinta sans excédent d’’efforts
Et l’on retint par cœur des rimes bienfaisantes
Remplaçant aisément celles anarchisantes.

Un souci effleura le rimeur numérique
L’informatique devint quelque peu colérique
Comment pouvait-on faire des poèmes sublimes
Sans les circuits prévus pour entasser les rimes
Et dans les labyrinthes des auteurs d’autrefois
Les RAM et les ROM devaient-elles être loi.

Hélas quelques vieux sots qui gardaient la culture
Firent cacophoner les nouvelles moutures !
En citant des auteurs des décades passées
Qui savaient éviter les oreilles cassées
L’on vit dans les écoles des enfants sans effort
Lire sans l’ordinateur des cahiers de trésors.

S’en vint un philosophe, et poète parfois,
Disant que le passé garde force de loi
Il avait lu Chénier donc était romantique :
"Sur des pensers nouveaux faisons de vers antiques"
"Plus de pères que des fils" est une absurdité
Le temps de poésie assure l’hérédité.

 

CLARI

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#2
Mais vous nous faites vraiment peur
D'imaginer ainsi les rimailleurs
D'un futur pas si lointain su ordi
Qui promet une belle cacophonie...

Quelle imagination !
 

Gabrielle

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#3
Appli pour rimer automatiquement ?


En deux mille cinq cent huit pour rimer quelques mots
Il fallait recourir à la muse robot
Pour dix ou vingt crédits dans son petit panier
Elle faisait rimer café avec clapier
Et vous aviez en prime un morceau de césure
À coller dans le texte en guise de parure.


Elle avait en mémoire tous les rimeurs connus
Depuis la nuit des temps, même les farfelus,
Et tirant au hasard un peu des vieux auteurs
Elle osait des salades qui flanquaient la terreur
Seuls tapis en secret un cent de réfractaires
Délaissaient le présent et lisaient Baudelaire.


On les condamna donc à la modernité
Car poésie qui rime est une vétusté.
Au début, en passif, le peuple supportait
Un vain déséquilibre et des pieds imparfaits.
Mais un poémophile atteint par une muse
Dit il faut résister à ce temps qui nous use.


Il sortit ses cartons qui avaient vu jadis
Des poèmes brillant d’un sonore artifice,
Essuya prosodie qui prenait la poussière
Lui disant qu’à nouveau elle faisait carrière
Et dressa la césure à chevaucher à l’aise
Juste sur l’hémistiche où se tenait sa chaise.


Dans la cacophonie aux accents déplaisants
On entendit alors des chants plus ravissants
On compta quelques pieds qui formaient des accords
Car la rime teinta sans excédent d’’efforts
Et l’on retint par cœur des rimes bienfaisantes
Remplaçant aisément celles anarchisantes.


Un souci effleura le rimeur numérique
L’informatique devint quelque peu colérique
Comment pouvait-on faire des poèmes sublimes
Sans les circuits prévus pour entasser les rimes
Et dans les labyrinthes des auteurs d’autrefois
Les RAM et les ROM devaient-elles être loi.


Hélas quelques vieux sots qui gardaient la culture
Firent cacophoner les nouvelles moutures !
En citant des auteurs des décades passées
Qui savaient éviter les oreilles cassées
L’on vit dans les écoles des enfants sans effort
Lire sans l’ordinateur des cahiers de trésors.


S’en vint un philosophe, et poète parfois,
Disant que le passé garde force de loi
Il avait lu Chénier donc était romantique :
"Sur des pensers nouveaux faisons de vers antiques"
"Plus de pères que des fils" est une absurdité
Le temps de poésie assure l’hérédité.

bravo ! j'adore.... prenons garde à ne pas sombrer dans ce bateau navrant ! belle alerte philosophique

@micalement
 
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