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Croisière nocturne

Constant

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21 Mars 2020
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Un homme
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#1
Il s'envola comme une tourterelle
A l'heure où s'endormaient les hirondelles.
Sa bouche en or ouverte sur la ville,
Il sourit à deux amoureux tranquilles.

Nageant dans l'air frais de la capitale,
Il partit pour le centre commercial
Contempler du coin de son œil moqueur
Les clients se bousculant de bon cœur.

Puis il alla s'asseoir sur un banc vert
Où en se laissant brûler par un verre
Il écouta l'incroyable récit
D'un vieil homme ému d'être encore en vie

Mais laissant à la vie ses grands mystères,
Il repartit vers de plus gais repaires :
Mille et une cavernes enchantées
Qui le conviaient à la liberté.

Frôlant une tour aux murs transparents
Il vit un homme derrière un écran
Seul, plongé dans une étrange lecture,
Si occupé à créer le futur…

Il alla s'essayer à l'allégresse
Avec l'insouciante et folle jeunesse
Chantant la vie, riant à pleines dents
Et narguant les sirènes du Levant

D'alléchants néons en sombres détours
Il s'abandonna aux allers-retours
Des joies et des douceurs sans repentance
Qui rendent moins maussade l'existence.

Par moments s'élevait, vive et soudaine,
La plainte d'une voiture à sirène
Au cœur d'une course contre la mort
Ou chassant quelque démon du décor.


Entraîné par de chatoyants méandres,
Il oublia que la nuit partait en cendres,
Que tout là-haut s’en allait la Grande Ourse,
Et que la rosée mouillait les pelouses.

Et bientôt ses ailes se firent lourdes
Et sa voix de plus en plus sourde.
Fors les longs abois d'un chien éperdu,
La quiétude avait envahi les rues.

La tour de verre avait fondu dans le noir,
Le vieil homme ruminait ses désespoirs,
Un long-courrier rentrait d'un long voyage
Et les tourtereaux dormaient sur un nuage

Plus rien ne semblait vivre sauf peut-être
Un insomniaque hurlant à sa fenêtre
Ou quelques chats teintés de gris
Rodant autour d'une poissonnerie.

Seuls d'irréductibles noctambules
Se heurtant à de lointains somnambules
Faisaient résonner les trottoirs déserts
Sous l'éclat jaune et or des lampadaires

Sans finir de briller de mille feux,
La ville avait comme fermé les yeux,
L'instant d'une profonde inspiration
Avant le retour de l'agitation.

Lui, toujours dans son halo de bonheur,
Rêvait de pouvoir retenir les heures
Et chasser les lueurs de l'horizon
Dans un ultime élan de déraison.

Il alla jouer ses dernières gammes
Avec un jeune homme aux cheveux de femme,
Blême, marchant comme avec des cothurnes,
Ravi de sa longue journée nocturne.
 

Moïse Wolff

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#4
Constant, j'ai failli écrire "content" ce qui était de bonne augure, ravi de vous avoir lu.
Venez écrire plus souvent sous ce profil, ce afin d'être constant parmi nous je m'entends :)
J'ai apprécié ma lecture.
bienvenu sur le forum !
 
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#5
Belle inspiration en cette croisière nocturne _ Bravo Constant
Merci de ce beau partage
Isabelle Voir la pièce jointe 25096
Il s'envola comme une tourterelle
A l'heure où s'endormaient les hirondelles.
Sa bouche en or ouverte sur la ville,
Il sourit à deux amoureux tranquilles.

Nageant dans l'air frais de la capitale,
Il partit pour le centre commercial
Contempler du coin de son œil moqueur
Les clients se bousculant de bon cœur.

Puis il alla s'asseoir sur un banc vert
Où en se laissant brûler par un verre
Il écouta l'incroyable récit
D'un vieil homme ému d'être encore en vie

Mais laissant à la vie ses grands mystères,
Il repartit vers de plus gais repaires :
Mille et une cavernes enchantées
Qui le conviaient à la liberté.

Frôlant une tour aux murs transparents
Il vit un homme derrière un écran
Seul, plongé dans une étrange lecture,
Si occupé à créer le futur…

Il alla s'essayer à l'allégresse
Avec l'insouciante et folle jeunesse
Chantant la vie, riant à pleines dents
Et narguant les sirènes du Levant

D'alléchants néons en sombres détours
Il s'abandonna aux allers-retours
Des joies et des douceurs sans repentance
Qui rendent moins maussade l'existence.

Par moments s'élevait, vive et soudaine,
La plainte d'une voiture à sirène
Au cœur d'une course contre la mort
Ou chassant quelque démon du décor.


Entraîné par de chatoyants méandres,
Il oublia que la nuit partait en cendres,
Que tout là-haut s’en allait la Grande Ourse,
Et que la rosée mouillait les pelouses.

Et bientôt ses ailes se firent lourdes
Et sa voix de plus en plus sourde.
Fors les longs abois d'un chien éperdu,
La quiétude avait envahi les rues.

La tour de verre avait fondu dans le noir,
Le vieil homme ruminait ses désespoirs,
Un long-courrier rentrait d'un long voyage
Et les tourtereaux dormaient sur un nuage

Plus rien ne semblait vivre sauf peut-être
Un insomniaque hurlant à sa fenêtre
Ou quelques chats teintés de gris
Rodant autour d'une poissonnerie.

Seuls d'irréductibles noctambules
Se heurtant à de lointains somnambules
Faisaient résonner les trottoirs déserts
Sous l'éclat jaune et or des lampadaires

Sans finir de briller de mille feux,
La ville avait comme fermé les yeux,
L'instant d'une profonde inspiration
Avant le retour de l'agitation.

Lui, toujours dans son halo de bonheur,
Rêvait de pouvoir retenir les heures
Et chasser les lueurs de l'horizon
Dans un ultime élan de déraison.

Il alla jouer ses dernières gammes
Avec un jeune homme aux cheveux de femme,
Blême, marchant comme avec des cothurnes,
Ravi de sa longue journée nocturne.
Belle lecture
Merci pour le partage
 

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