Hors ligne
Errances…
A marcher tard le soir, dans les rues de la ville,
La dernière survivante qui s'en va en exil.
Sans croiser âme qui vive, sans même un son dans l'air,
Après la fin du monde, dans une ultime prière.
Si forte et si fragile, si jeune et si ancienne,
A crier « Où es-tu ? » jusqu'à en perdre haleine.
A errer dans l'obscur et traîner sous l'orage,
Couchée au bord du fleuve, attendant le naufrage.
Que son lit soit le mien et bercée par la pluie,
En y mêlant mes larmes, qu'il m'emporte avec lui.
Si sotte et si lucide, si laide et si jolie,
A se geler l'échine jusqu'à la maladie.
A pleurer sur les toits, assise au bord du vide,
Observant les étoiles, qui comme moi sont livides.
Le cœur comprimé par une sensation étrange,
Il suffirait d'un pas pour faire le saut de l'ange.
Si grande et si petite, si confuse et si franche,
A dormir tout le jour jusqu'à faire des nuits blanches.
Et quand le temps s'arrête aux derniers rayons,
Je ne veux pas rentrer car personne ne m'attend à la maison.