Hors ligne
Un stylo-bille et du papier :
Je vais un peu versifier;
Écrire comme à l'ordinaire,
Visiter mon imaginaire.
Première tasse de café.
De lyrisme suis assoiffé.
Quelques instants je me recueille...
Puis baisse les yeux sur la feuille.
Soudain ce désert de candeur
Étrangement glace l'ardeur.
Pense à la nature, à la femme,
Tout simplement. Tiens ton calame.
Mais le si lisse vide pur
Prend les proportions d'un mur.
Me lève, vais, m'assois, retourne...
(La partie aux échecs s'ajourne.)
À la Muse, comme un marmot,
Je mendie une image, un mot.
Du bout des doigts je pianote,
Sur le papelard rien ne note.
Tasse de café refroidi.
Je suis défait, abasourdi.
Toujours la page irrévocable,
Dans sa blancheur nue, impeccable.
Ainsi faut-il l'encre jeter ?
Muse, tu dois me racheter !
Quoi ! Ne plus écrire une ligne ?
La grâce est souvent bien maligne.
Voilà, sur un feuillet banal
Devrais-je mettre un point final ?
Quelle est cette épreuve subie ?
C'est la leucosélophobie !
Les rimeurs parlent bas entre eux :
- " Untel en fait " - " Le malheureux ! "
Pour le dire de façon franche,
C'est la peur de la page blanche.
Et cet autre, l'air entendu,
Admet : " Le mal est répandu ".
Et je demande : " Quel remède ? "
- Lui, consterné : " Que Dieu vous aide ! "...
Hexasyllabe bien cruel :
" Leucosélophobie " ! Ah, ciel !
Le lendemain, foin de tonique,
Au papier blanc je fais la nique.
Je suis Ronsard, je suis Hugo;
Je sauvegarde mon ego.
Je tiens un sujet réaliste :
Rédiger des courses la liste.
Je vais un peu versifier;
Écrire comme à l'ordinaire,
Visiter mon imaginaire.
Première tasse de café.
De lyrisme suis assoiffé.
Quelques instants je me recueille...
Puis baisse les yeux sur la feuille.
Soudain ce désert de candeur
Étrangement glace l'ardeur.
Pense à la nature, à la femme,
Tout simplement. Tiens ton calame.
Mais le si lisse vide pur
Prend les proportions d'un mur.
Me lève, vais, m'assois, retourne...
(La partie aux échecs s'ajourne.)
À la Muse, comme un marmot,
Je mendie une image, un mot.
Du bout des doigts je pianote,
Sur le papelard rien ne note.
Tasse de café refroidi.
Je suis défait, abasourdi.
Toujours la page irrévocable,
Dans sa blancheur nue, impeccable.
Ainsi faut-il l'encre jeter ?
Muse, tu dois me racheter !
Quoi ! Ne plus écrire une ligne ?
La grâce est souvent bien maligne.
Voilà, sur un feuillet banal
Devrais-je mettre un point final ?
Quelle est cette épreuve subie ?
C'est la leucosélophobie !
Les rimeurs parlent bas entre eux :
- " Untel en fait " - " Le malheureux ! "
Pour le dire de façon franche,
C'est la peur de la page blanche.
Et cet autre, l'air entendu,
Admet : " Le mal est répandu ".
Et je demande : " Quel remède ? "
- Lui, consterné : " Que Dieu vous aide ! "...
Hexasyllabe bien cruel :
" Leucosélophobie " ! Ah, ciel !
Le lendemain, foin de tonique,
Au papier blanc je fais la nique.
Je suis Ronsard, je suis Hugo;
Je sauvegarde mon ego.
Je tiens un sujet réaliste :
Rédiger des courses la liste.