Poème L'amour est un jeu inventé par un mauvais perdant.

Un petit rat avec un peu de cambouis sur la moustache
ronge l'os de la boite de vitesse d'une Rembrandt de 66
au milieu des pièces détachées et des bidons d'huile
les pattes dans une flaque de gazoline.
Un chien
voit passer son ombre devant lui
en trottinant
poussée par le lampadaire au dessus de lui
dans le coin de son œil détraqué.
Panique narcotique.
Un nuage plus noir encore que la nuit
glisse son étoffe sur le nacre refroidie de la lune,
le silence est le plus tordu des non-dits,
les petites pattes de la pluie sur le toit de tôle
brouillent la fréquence,
le ciel cherche à fuir, ou bien s 'en revient il ?
Je relève le col de ma veste et m'enfonce dans le rocking-chair
une main sur un livre
et je m'endort sous une des cicatrices de la peau de la nuit
qui m'enfonce des précipices plein les yeux
et des kilomètres de cavale et de ressac masochiste,
Un rat méfiant
au coin de la véranda
pas assez sûr de lui pour poser une trace de cambouis
sur le tango de mes tripes
attend de devenir un loup-garou
ou une tronçonneuse sans fil.

joli