Poème Le lexique du silence.

Cet après midi
je suis allé au supermarché de l'angoisse
ils ont plantés leurs caravanes et leur chapiteau devant chez moi
sur le terrain vague
où j'ai essayé de me suicider avec un doigt d'honneur planté dans le nombril
comme un yakusa Nippon, ni mauvais.
J'ai raté ma tentative par ce que je l'ai pas fait exprès
et je me suis rapproché ensuite du vignoble
dans sa version vendangée,
Je suis donc devant l'aquarium de la femme pieuvre
à l'heure du cacao
elle a neuf bras recouverts de ventouses
plus un moignon boursouflé
tous collés à la vitre
et je vois son sexe mixer mes yeux fièvreux
car je suis le détraqué de l' Atlantide,
dans une autre zone
dédié aux électrocutions
il y a une fille à poil sur une chaise électrique
elle a deux gyrophares à la place des seins
et une boite de fusible entre les jambes
comme moi
et je lui envoie une supposition mentale
qu'elle traduit en pirouette
car je suis le malade du transformateur,
Dans la cage suivante
il y a un géant qui peint une anomalie
avec un fémur de nain
trempé dans mon sang
car je suis l'anatomie du zodiaque
de l'astrologie de ton ventre,
La dernière pièce est pleine de boites de conserves
en forme de la femme qui est dedans
un poète traîné par un cerf volant
tourne autour d'un cercle
en récitant ses vers
"l'amour ne dure jamais plus longtemps
que le coït qui l'a vu naître"
j'invente le vers suivant en te passant le lexique du silence
car je suis moi même le muet de la chance
le rébus des regrets
et la plaisanterie de ton rire jaune,
ensuite
la nuit tombe
sur le terrain vague
la ville est séduisante
et je me faufile en dedans
jamais bien loin d'une lumière
mais dans l'ombre tout le temps
et quand j'arrive devant chez moi
toi et la porte
toutes deux défoncées
ne m'empêchent pas de rentrer,
Je me couche en chien de fusil
tu pleures tes douilles autour de moi
je sèche tes larmes avec une tronçonneuse en pate à modeler
et tu renifle mes tempes
car je suis ta drogue loquace
et toi la phrase que je n'ai jamais su dire
que pour te faire pleurer.

Totalement déluré, j'adore l'enchainement des scènes et le style. Bravo, bon moment!

Merci m'sieur, quand les mots sonnent à la porte, il faut les laisser entrer, peu importe la manière dont ils finissent par s'ordonner.