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L’Indien
L’estompe bleue des monts se perd dans les lointains
Sur la rive escarpée, les pins cachent le roc
L’air est frais sur les eaux, la rosée du matin
Se pose sur ses sacs, les produits de son troc
Il revient du comptoir, d’échanger ses fourrures
Contre certains trésors des hommes étranges, pâles
Qui depuis douze lunes offrent ici des parures
Miroirs, perles, rubans ou lames de métal
Les palabres durant jusqu’à la fin du jour
Il a fallu rester, la nuit était trop noire
Dès l’aube il a reprit le chemin du retour
Par le fleuve il rejoint enfin son territoire
Sur sa face de cuivre on voit naître un sourire
Qui fait s’épanouir ses peintures de paix
Disant sa quiétude à qui saura les lire
De beaux traits bleus et jaunes, en longs tracés épais
Dans son esquif d’écorce et de cuir d’orignal
Un genou en avant, il rame avec vigueur
D’une pagaie de bois maniée d’un geste égal
Dans un léger bruit d’eau au rythme de son coeur
Le courant est contraire au canoë trop lent
L’aigle de ses pensées s’envole, qui l’emporte
Vers les triangles blancs des tepees de son clan
Sa femme aux yeux de jais, et le fils qu’elle porte
Une fumée au loin, il se réjouit d’avance
Puis deux, puis trois volutes, étranges dans l’azur
De noires fumeroles, emplies de malfaisance
Une angoisse l’étreint, il faut forcer l’allure
Il arrive trop tard, seules vivent les flammes
Tombant sur ses genoux, sans plainte, sans un bruit
Près du corps dénudé, tout en sang, d’une femme
Il reste ainsi prostré un jour et une nuit
Quand il se dresse enfin, les mains ensanglantées
Effaçant les couleurs du bonheur de naguère
Sur un front plein de haine, il fait d’un geste hanté
Du sang de son aimée, sa peinture de guerre
Gao T. Kanth
L’estompe bleue des monts se perd dans les lointains
Sur la rive escarpée, les pins cachent le roc
L’air est frais sur les eaux, la rosée du matin
Se pose sur ses sacs, les produits de son troc
Il revient du comptoir, d’échanger ses fourrures
Contre certains trésors des hommes étranges, pâles
Qui depuis douze lunes offrent ici des parures
Miroirs, perles, rubans ou lames de métal
Les palabres durant jusqu’à la fin du jour
Il a fallu rester, la nuit était trop noire
Dès l’aube il a reprit le chemin du retour
Par le fleuve il rejoint enfin son territoire
Sur sa face de cuivre on voit naître un sourire
Qui fait s’épanouir ses peintures de paix
Disant sa quiétude à qui saura les lire
De beaux traits bleus et jaunes, en longs tracés épais
Dans son esquif d’écorce et de cuir d’orignal
Un genou en avant, il rame avec vigueur
D’une pagaie de bois maniée d’un geste égal
Dans un léger bruit d’eau au rythme de son coeur
Le courant est contraire au canoë trop lent
L’aigle de ses pensées s’envole, qui l’emporte
Vers les triangles blancs des tepees de son clan
Sa femme aux yeux de jais, et le fils qu’elle porte
Une fumée au loin, il se réjouit d’avance
Puis deux, puis trois volutes, étranges dans l’azur
De noires fumeroles, emplies de malfaisance
Une angoisse l’étreint, il faut forcer l’allure
Il arrive trop tard, seules vivent les flammes
Tombant sur ses genoux, sans plainte, sans un bruit
Près du corps dénudé, tout en sang, d’une femme
Il reste ainsi prostré un jour et une nuit
Quand il se dresse enfin, les mains ensanglantées
Effaçant les couleurs du bonheur de naguère
Sur un front plein de haine, il fait d’un geste hanté
Du sang de son aimée, sa peinture de guerre
Gao T. Kanth