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Poème Pas de félicité sans la publicité !

Peniculo

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#1
Pas de félicité sans la publicité !


J’étais dans l’inculture ignorant tout du monde
Car je ne suivais pas à la télévision
Le fort cheminement de la pensée profonde
Que la publicité impose à profusion.

Là où le spectateur est le plus vulnérable
La pub le capture et pour l’endoctriner
L’inonde de ses mots dès qu’il se met à table
C’est le moment choisi pour mieux l’embobiner.

J’ai donc pendant un mois été un “publivore”
Buvant comme une éponge un débit permanent
Que la publicité mettait en mon amphore
Polluant mon esprit jusqu’à l’égarement.

“Un mal qui répand la terreur
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les hommes”,
Aurait dit La Fontaine admirable bonhomme,

Et c’est bien de la pub dont je disserte ainsi,
Elle farcit ma tête en multiples sottises
En me faisant douter d’être sain de l’esprit
Tant jamais ne se rompt le flot de ses bêtises.

Regardons un moment cette œuvre grandiose
Que les publicitaires nous jettent en pâture
Leur génie inventif chaque jour nous impose
Des produits merveilleux qui sont des impostures.

Cosmétiques qui ont l’emballage engageant
Qui retirent les rides, ridules, et cellulite,
Aux dames éplorées qui n’ont pas vingt cinq ans
Dont la peau ignora toujours ce qui irrite.

Soyez très attentif à l’état des toilettes
Que l’on vient astiquer, que la photo détaille,
Au moment de couper le steak en votre assiette
Quitte à vous remuer le fond de vos entrailles.

La cuisinière étant sale depuis des ans
Une dame souillon, négligente, et ignare
Avec "un truc magique l’astique en un instant
Pendant que le dessert seul vous accapare.

Et puis s’en vient Merise au pare-brise poreux !
Heureusement on a la résine efficiente
La dame perd aussitôt son air trop malheureux
Car “Rustinakaro” lui colmate la fente.

La pauvre a tant de trous que c’est six fois par jour
Que le réparateur s’en vient à domicile
Présenter ses services à la belle aux atours
Pustulés de verdeur, au sourire imbécile.

Sans temps pour respirer s’en vient un hurlement
De dame extasiée en voyant des godasses
Dans son armoire déjà il y en a des cents
Jouissant à chaque fois quand le livreur repasse.

Dans l’armoire on ne voit que des paires de chaussures
Pas un seul vêtement n’a pu trouver de place
La dame doit sortir à poil, la chose est sure,
Mais ses pieds sont chaussés avec chic, avec grâce !


Puis passant à la bouffe on vous propose alors
Des mets les plus divers du prêt à mastiquer
De l’hypercalorique aimant le gros le fort
Mais en vous modérant en vous faisant bouger.


Lors vient l’invention, la formule qui touche
L’invérifiable truc qui séduit d’un seul mot
Molécule du futur rien que le nom fait mouche
De "l’Amélioratum" au "Perfectionabo".

Ils ont fait des essais c’était sensationnel
Mais aucun organisme apte à les pratiquer
Ne vient corroborer le don exceptionnel
Du produit fallacieux pour “s’automédiquer”.

On joue les écolos piochant dans la nature
Le végétal venant du trou du cul du monde
« Plantouillus vulgaris » deviendra la parure
Convenant aux cheveux des brunes, et des blondes.

Et il y a le vieux qui bouffe son chapeau
Si le fromage, au cœur, n’est pas à votre goût
Le bruyant agité qui gueule comme un veau
Pour "capilliculter" à petit prix très doux,

Le régime anti poids après le saucisson
Et le fromage normand filmé aux caraïbes
Le dessert qui se fait au four à la maison
Et le pseudo-bio que l’écolo exhibe.

L’apocalypse crado qui en seul éclair
Se trouve nettoyé de la cave au grenier
Avec un seul produit qui sans en avoir l’air
Récure, lave et dégraisse faisant tout flamboyer.


L’ânerie remarquable ayant belle couronne
Dissimulant le faux sous couvert de réel
Est cette phrase sotte on pourrait dire conne :
“À base de produit d’origine naturelle”

Elle conviendrait à tout car il est évident
Que chaque molécule est issue de nature
Le fêlé qui pondit ce terme incohérent
Insulte votre esprit, se paie votre figure.

En minuscules alors défilent en bas d’écran
Des conseils pour tout, de belles mises en garde
Il faut que les menteurs couvrent l’exubérant
En retirant du bois d’éventuelles échardes.

On est mieux ou moins cher que la chose voisine
Pour des produits communs ayant le même usage
Ils sortent par moment tous d’une même usine
Ne se différenciant que par leur emballage.

L’artiste fortuné qui paye ses impôts
Vient prendre le travail d’un comédien modeste
Qui serait de Satan s’il le faut le suppôt
Jurant n’importe quoi parfaitement digeste


Pour donner une image à un nouveau produit
Comme il est très connu il fera de l’effet
Ce n’est pas le talent qui ici le conduit
Il fait ce qu’on lui dit et reçoit ses billets.

Existe heureusement la zappette létale
Qui coupe la télé quand elle n’est pas utile
On supprime le son quand l’annonce fatale
Nous dit comment penser d’une façon servile.

Moralité


“Les hommes pour la plupart sont étrangement faits
Dans la juste mesure on ne les voit jamais”
Molière l’affirma, rien ne changea beaucoup
À nos calamités la pub n’est qu’un ajout.












 

Moi

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#2
👏👏👏👏👏pour une fois que la publicité ici m'a instruite par vos vers pamphlétaires
Car bien entendu d'ordinaire elle me donne des boutons et me met en colère avec tous ses attrape" couillons" nous prenant pour des débiles.

Encore bien étudié et analysé


Amitiés
 

Saoirse

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#3
J'applaudis tant pour la virtuosité de la langue que pour le contenu du discours.
La chose n'est pas nouvelle, au début du siècle dernier alors que la radio activité venait d'être découverte la mode était de faire des cures de rayons. L'histoire regorge de ces panacées qui étaient au mieux des leurres au pire des pratiques néfastes. La science est souvent convoqué pour mieux faire passer les couleuvres et nous embobiner. Elle est utilisé comme argument imparable, irréfutable ce qui est comique car justement le propre de la science est le doute et la réfutabilité sinon il ne s'agit que de croyances.

Vous avez bien raison de refuser cette pollution de l'esprit. Le grand patron d'une chaîne de télévision s'affirmait pourvoyeur de temps de cerveau disponible. Faisons donc de la résistance et refusons cette disponibilité que l'on veut monétiser. Mon temps de cerveau sera sans doute mieux employé avec Grothendieck ou Rabelais, Poincaré ou Ronsard et tant d'autres qui ont l'avantage de nous stimuler les neurones.
 
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#4
Nous sommes hélas tous des fils de pub ;)
Heureusement, des oeuvres comme la votre nous font prendre du recul... Et nous permettent de nous en éloigner !
 
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#5
Pas de félicité sans la publicité !


J’étais dans l’inculture ignorant tout du monde
Car je ne suivais pas à la télévision
Le fort cheminement de la pensée profonde
Que la publicité impose à profusion.


Là où le spectateur est le plus vulnérable
La pub le capture et pour l’endoctriner
L’inonde de ses mots dès qu’il se met à table
C’est le moment choisi pour mieux l’embobiner.


J’ai donc pendant un mois été un “publivore”
Buvant comme une éponge un débit permanent
Que la publicité mettait en mon amphore
Polluant mon esprit jusqu’à l’égarement.


“Un mal qui répand la terreur
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les hommes”,
Aurait dit La Fontaine admirable bonhomme,


Et c’est bien de la pub dont je disserte ainsi,
Elle farcit ma tête en multiples sottises
En me faisant douter d’être sain de l’esprit
Tant jamais ne se rompt le flot de ses bêtises.


Regardons un moment cette œuvre grandiose
Que les publicitaires nous jettent en pâture
Leur génie inventif chaque jour nous impose
Des produits merveilleux qui sont des impostures.


Cosmétiques qui ont l’emballage engageant
Qui retirent les rides, ridules, et cellulite,
Aux dames éplorées qui n’ont pas vingt cinq ans
Dont la peau ignora toujours ce qui irrite.


Soyez très attentif à l’état des toilettes
Que l’on vient astiquer, que la photo détaille,
Au moment de couper le steak en votre assiette
Quitte à vous remuer le fond de vos entrailles.


La cuisinière étant sale depuis des ans
Une dame souillon, négligente, et ignare
Avec "un truc magique l’astique en un instant
Pendant que le dessert seul vous accapare.


Et puis s’en vient Merise au pare-brise poreux !
Heureusement on a la résine efficiente
La dame perd aussitôt son air trop malheureux
Car “Rustinakaro” lui colmate la fente.


La pauvre a tant de trous que c’est six fois par jour
Que le réparateur s’en vient à domicile
Présenter ses services à la belle aux atours
Pustulés de verdeur, au sourire imbécile.


Sans temps pour respirer s’en vient un hurlement
De dame extasiée en voyant des godasses
Dans son armoire déjà il y en a des cents
Jouissant à chaque fois quand le livreur repasse.


Dans l’armoire on ne voit que des paires de chaussures
Pas un seul vêtement n’a pu trouver de place
La dame doit sortir à poil, la chose est sure,
Mais ses pieds sont chaussés avec chic, avec grâce !


Puis passant à la bouffe on vous propose alors
Des mets les plus divers du prêt à mastiquer
De l’hypercalorique aimant le gros le fort
Mais en vous modérant en vous faisant bouger.


Lors vient l’invention, la formule qui touche
L’invérifiable truc qui séduit d’un seul mot
Molécule du futur rien que le nom fait mouche
De "l’Amélioratum" au "Perfectionabo".


Ils ont fait des essais c’était sensationnel
Mais aucun organisme apte à les pratiquer
Ne vient corroborer le don exceptionnel
Du produit fallacieux pour “s’automédiquer”.


On joue les écolos piochant dans la nature
Le végétal venant du trou du cul du monde
« Plantouillus vulgaris » deviendra la parure
Convenant aux cheveux des brunes, et des blondes.


Et il y a le vieux qui bouffe son chapeau
Si le fromage, au cœur, n’est pas à votre goût
Le bruyant agité qui gueule comme un veau
Pour "capilliculter" à petit prix très doux,


Le régime anti poids après le saucisson
Et le fromage normand filmé aux caraïbes
Le dessert qui se fait au four à la maison
Et le pseudo-bio que l’écolo exhibe.


L’apocalypse crado qui en seul éclair
Se trouve nettoyé de la cave au grenier
Avec un seul produit qui sans en avoir l’air
Récure, lave et dégraisse faisant tout flamboyer.


L’ânerie remarquable ayant belle couronne
Dissimulant le faux sous couvert de réel
Est cette phrase sotte on pourrait dire conne :
“À base de produit d’origine naturelle”


Elle conviendrait à tout car il est évident
Que chaque molécule est issue de nature
Le fêlé qui pondit ce terme incohérent
Insulte votre esprit, se paie votre figure.


En minuscules alors défilent en bas d’écran
Des conseils pour tout, de belles mises en garde
Il faut que les menteurs couvrent l’exubérant
En retirant du bois d’éventuelles échardes.


On est mieux ou moins cher que la chose voisine
Pour des produits communs ayant le même usage
Ils sortent par moment tous d’une même usine
Ne se différenciant que par leur emballage.


L’artiste fortuné qui paye ses impôts
Vient prendre le travail d’un comédien modeste
Qui serait de Satan s’il le faut le suppôt
Jurant n’importe quoi parfaitement digeste


Pour donner une image à un nouveau produit
Comme il est très connu il fera de l’effet
Ce n’est pas le talent qui ici le conduit
Il fait ce qu’on lui dit et reçoit ses billets.


Existe heureusement la zappette létale
Qui coupe la télé quand elle n’est pas utile
On supprime le son quand l’annonce fatale
Nous dit comment penser d’une façon servile.


Moralité

“Les hommes pour la plupart sont étrangement faits
Dans la juste mesure on ne les voit jamais”
Molière l’affirma, rien ne changea beaucoup
À nos calamités la pub n’est qu’un ajout.
bien c'est malin, avec tout cela , le film ne va commencer qu'a vingt et une heure trente !:ROFLMAO:

Bravo pour cette analyse censée !

Amitiés, Jean-Yves
 
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