Poème Ballade tartignole

Ballade tartignole





J’avais pondu une écriture

Croyant rendre les grands jaloux

Ayant respecté la césure

Et rimant bien à chaque coup

Mais le monde ayant mauvais goût

Ne lui rendit aucun hommage

Mes poèmes jugés trop flous

Ont eu froissés un vil usage





Nul ne les mit en devanture

Bien qu’ils valent assez peu de sous

Un quincaillier me fit l’injure

D’y envelopper quelques clous

J’y avais passé un temps fou

Au marchand d’œufs et de fromage

Mes vers ne plaisant pas du tout

Ont eu froissés un vil usage





L’homme étant bête créature

Quitte à provoquer mon dégoût

Osa la plus grande imposture

Découpant mes pages en bouts

Ils terminèrent dans un trou

Servant tel un banal feuillage

Et économie de grigou

Ont eu froissés un vil usage



Envoi



Dieu des rimeurs j’attends de vous

Que vous m’inspiriez davantage

Oubliant que mes essais flous

Ont eu froissés un vil usage

Monsieur ne soyez point amer
Si l'héritier de votre ponte
n'a survécu du jour offert
Mort dans l'œuf sans aucun acompte

Sans doute fallait il attendre
Que l'appétit de nos lecteurs
Ne les décide à pourfendre
Cette coquille et ses teneurs

Ils s'en seraient léché les doigts
Sans oublier leur joli pouce
Sachez qu'il faut, quelques fois
Laisser mijoter dans l'eau douce

Pour que l'envie soit succulente
Devant vos vers si peaufinés
Il eut fallu que soit absente
La trop voyante vanité...