Hors ligne
Ça sent le froid, ça sent la crêpe
Sur ce, tourbillonnant en la douce ambiance
Je te revois encor tes doigts dans la farine
Creusant un petit puits pour y casser les œufs.
Maman, tu étais belle au cœur de ta cuisine
Je me souviens alors de ces instants heureux.
Le lait tout doucement coulait sur le mélange
Ça sentait la vanille et la fleur d’oranger,
Je te mangeais des yeux le regard sous ma frange
Je prenais des leçons et n’osais pas bouger.
Puis, en un geste sûr tu travaillais la pâte
Et la faisais valser au fond du récipient ;
Le tout bien malaxé, n’y mettant pas de hâte
Tu laissais reposer l’amalgame brillant.
La cuisinière à bois ronronnait familière
Pour accueillir la poêle usée de s’émouvoir ;
C’est là, je me souviens, quand sautait la première
Une pièce d’argent, dans ta main un espoir.
Sur ce, tourbillonnant en la douce ambiance
La crêpe retombait, dorée au fond du plat
Elle allait se gorger de miel et sait d’avance
Qu’elle sera mangée dodue ou raplapla.
A chaque Février cet effluve m’emporte
Là où dort mon enfance au seuil de ma maison,
Ce souvenir surgit toquant là, à ma porte,
Qui, close à tout jamais a perdu la raison.
« C’était en l’hiver 1956, j’avais douze ans. »
Margénye
Février 2014.