Poème Dans le désert maintenant.

Le soleil ne bouge pas, le sable recouvre tout, aussi loin qu'un œil peut voir,
le reste c'est le bleu du ciel,
mais lui aussi fini dans le sable, comme il a commencé.

Je suis tombé en panne il y a neuf heures
je vois mes traces de pas venir vers moi
depuis l'endroit que j'ai quitté
les dunes et le vent se chamaillent
pour savoir qui a la plus grosses
et je donnerai tout pour voir un oiseau gigantesque
pour me foutre à l'ombre une seconde
ou bien pour trouver un bar,

je recommence à marcher
je me fais même marcher
avec une histoire à dormir debout
mais c'est une autre dune qui vient à ma rencontre
et le soleil immobile vend des ombrelles
a ma dernière volonté,

ensuite je croise un dromadaire
il y a quelqu'un dessus
je le fais descendre car il est mort puisque je viens de le tuer
le désert est un endroit brûlant mais logique
l'animal me regarde
et je regarde l'animal
je veux grimper sur lui
mais il secoue sa tête
et ça c'est pas logique
Je suis courtois malgré ma gorge boursouflée
de l'eau serait un parfait diplomate
le dromadaire ne répond rien
il broute un peu d'air et continue sa route
en suivant le chemin que je viens de tracer,

magnanime je le préviens
qu'il n'y a rien là-bas
que du sable et ma voiture en panne
il me dit alors
"oui, je sais, nous devions la dépanner
mais maintenant le garagiste est mort
alors je vais prévenir le gars en panne qu'il va crever."
-Mais c'est moi !
pas la peine de me dépanner
je suis là
prenez moi sur votre dos
bordel de chameau !
-Non, moi je suis un bordel de dromadaire !
-Mais moi je suis en panne dans le désert.
-Mais je suis pas garagiste
-On s'en fout bordel de dromadaire, ramène moi en ville.
-d'accord, mais il va falloir me payer, cher. On est en période de vacance scolaire dans le désert.
-Pas de problème, Antilope à bosse, canasson du désert, Bourricot des sables !
Je monte sur l'animal, à la place du mort. Pas le choix, il n'y a qu'un siège.
On rentre, j'aperçois la ville, enfin
le périphérique, un boulevard, ma rue, ma maison, ma porte, mon escalier, mon ventilateur, mon canapé. Je descend de l'animal.
Je lui donne de l'argent et un pourboire.
Je tire la porte du frigidaire
le dromadaire se tire
je sors une bouteille de pinard. Bois tout. retourne sur le canapé que je n'ai pas quitté depuis deux jours. Je me rappel de rien. ah si, peut être juste d'avoir rêvé. D'un dromadaire ? Bordel ! Et pourquoi pas d'un hanneton avec des dents en osier !
Je me rendors tandis que la pluie recommence à tomber.