Poème La mousson

La mousson

Son souffle est comme un chant qui monte du Bengale,
Offrande de la mer au désert asséché.
Du Gange et de l'Indus les vents viennent lécher
Les Ghâts du Kerala sous les pluies orientales.

Les prières sacrées inondent, abyssales,
Les temples quémandant aux dieux de relâcher
Des cataractes d'eaux, des torrents de déchets
Animaux et humains mêlés aux crues fatales !

Car elle apporte ruine et richesse à la fois,
L'antique exhalaison du deuil et de la foi
Qui nourrit des millions de vies puis se retire,

Laissant dans les vallées immergées ses limons,
Ses océans de boues, ses marais de sillons
Où l'hindou famélique ensemence et expire !

Beau. Merci.

Les prières sacrées demandent "aux dieux" l'eau pour les cultures, synonyme de la vie,
mais ces prières sont dites aussi pour que les éléments se montrent le plus clément possible envers les
populations les animaux et les biens. Car en effet si dans les temples résonnent les psaumes c'est aussi pour que les éléments "épargnent la vie déjà rudement mise à l'épreuve, en cela ce quatrain est paradoxal.
Merci pour la lecture !

Merci d'avoir choisi ce beau thème de la mousson d'été, cette respiration de l'Asie, ce souffle chaud et humide de l'océan sur ces terres chaque année. J'ai aimé vos belles images. Et ce paradoxe que vous soulignez bien, c'est à la fois désolation et bénédiction...
Cette année, la saison de la "pluie de prune" que nous apporte la mousson de l'est vers le Yangzi a été la plus longue depuis 60 ans !

La mousson indienne fait souvent oublié toutes les moussons de part le monde, d'été ou d'hiver, qui traverse avec violence des pays parfois déjà ravagés par une pauvreté crainte !
La mort et la vie se côtoient sans cesse....ou plutôt la mort fait toujours partie de la vie!
Les anciens savaient l'accepter car l'espérance de vie était courte, les fléaux naturels ou épidémiques emportaient des millions d'êtres en peu de temps.
Ils souffraient puis s'apaisaient reconstruisaient.
Nos sociétés veulent la vie parfaite, sans souffrance et se plaignent des milliers de morts à cause d'un virus!
Que dire des millions de morts du cancer!
Il faut revenir à une vision juste en acceptant l'inéluctable destin de tous.
Comme disait Goethe, il faut chaque jour regarder la fleur en bouton éclore puis faner pour comprendre le sens de la vie.

Oops ...pauvreté criante...et non criante 🙂

Un sonnet magnifique ! merci EricS