Hors ligne
Il est un lieu
au-delà du dernier cercle des astres
où la lumière elle-même
plie le genou
Non par peur
ni par fatigue
mais par révérence
C'est un sanctuaire sans nom
où le vide pèse plus lourd
que mille soleils
où l’espace se courbe
comme une épaule
trop longtemps chargée
La lumière y abandonne sa course
ralentit se brise en éclats muets
comme un cri arrêté
au bord des lèvres de Dieu
Nous y sommes venus
portés par des nefs de silence
traversant des siècles
comme on traverse un désert de cendres
Les horloges ont rouillé
le langage s’est effondré en nous
mais nous avancions
ivres de vertige et d’orgueil
vers ce lieu si distant
qu’aucune carte ne nomme
Et nous l’avons vu
le pli du réel
le seuil où le visible meurt
où chaque atome tombe à genoux
comme un pèlerin au bord du vide
Pas un bruit
hormis le murmure étrange
de cette lumière en prière
comme si l’univers lui-même
demandait pardon
Et là dans cette courbure sacrée
nous avons compris :
ce que nous cherchions
n’était pas une planète
ni un dieu ni un salut
mais ce silence parfait
où le moindre éclat s’incline
et où l’âme enfin
se souvient d’être née du feu