Hors ligne
Je m'accroche à un rameau tendre,
une mousse, des pelures d'écorce ancienne,
à presque rien, un rien si essentiel.
Je cours aux bras fidèles du fleuve tranquille,
aux surplis de velours émeraude
des collines soeurs qui drapent la terre.
Je me dissous dans le tumulte de l'averse grondeuse,
qu'en moi s'imprime son chant pour toujours.
Je serre contre mon coeur froissé
des bouquets de feuilles virevoltées.
Leur parfum de forêt profonde
sera mon seul antidote.
Je bois la lumière qui dévale du ciel safrané
pour manger tout le vert-de-gris des chagrins.
Je guette le silence de l'oiseau quand hurle la rivière,
et la trace sèche d'un petit sabot
sur le sentier sauvage gorgé de fougères.
J'entends les pleurs de l'oyat blond, ultime sentinelle
que le vent fouette à flanc de dune
sous les clameurs de la mer furibonde.
Je porte mon humble regard, noyé de peine,
sur ce monde rescapé des plus terribles blessures.
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