Hors ligne
Un farouche silence s'étale sur la plaine .
Les larmes brillent sous les paupières de glaise.
L'épaisse fatigue, immense et ténébreuse,
prend les corps en étau.
La peur sangle un peu plus les coeurs.
Dans la tranchée humide,
tombeau à ciel ouvert,
s'engouffre l'âcre odeur de la poudre.
On y voit frémir même les plus forts
dans ce guet long et harassant.
On y prie que le destin,
dans une nouvelle grâce ,
repousse encore la mort,
un jour, une heure, un instant,
le temps d'un souvenir heureux,
le sourire tendre d'une mère,
l'haleine douce d'une brise de juillet,
les cheveux de blé d'une fille en fleur.