Hors ligne
Le Vainqueur Barbare
La belle suppliante offrait ses mains d’ivoire
Au seul Maître des Clans, le grand Roi des Sarmates
Qui toisait les captifs du haut de sa victoire
Faisant claquer ses torques d’or sur sa peau mate
Il avait écrasé l’armée des infidèles
Dont les vains étendards gisaient, abandonnés
Tout au long de leur fuite en cette citadelle
Cet ultime refuge où ils étaient cernés
L’orgueilleuse cité n’abritait plus alors
Que ces soldats battus, des enfants, des vieillards
Les femmes firent don de leurs lourds bijoux d‘or
Espérant par ce geste apaiser les pillards
Quand la porte s’ouvrit dans les hauts remparts sombres
Une clameur jaillit des guerriers abhorrés
On vit sortir alors un long cortège d’ombres
Portant des plats d’argent couverts d’anneaux dorés
Biches narguant la meute aux regards prédateurs
Elles s’étaient avancées, belles, dignes et fières
Vestales convoitées par de vils gladiateurs
Elles chantaient en marchant, psalmodiant des prières
Sur sa chaise curule, assis devant sa tente
Lui dont le nom faisait trembler jusqu’à Byzance
Les regarda venir, de leur procession lente
Voulant sentir la peur qu’impose sa présence
L’escorte aux queues de loup flottant au bout des lances
Fit s’arrêter les femmes à dix pas de son trône
Alors l’une d’entre elle, impériale élégance
Poussa les fers croisés, Reine des Amazones
Aucun garde n’osa pourtant la retenir
Les farouches guerriers aux longs colliers d’oreilles
Qui rasaient des cités, crucifiaient pour punir
Soudain figés devant sa beauté sans pareille
La fille s’avança, elle ne portait pas d’or
Mais le cruel Khagan sentit brûler son coeur
La fière citadelle offrait son vrai trésor
Il sut, victorieux, qu’il n’était pas vainqueur
Gao T. Kanth
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