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Nouvelle Les Avantages à la Denise

Peniculo

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#1
Les Avantages à la Denise

Il était arrivé dans l’hôtel que sa société avait réservé au dernier moment et, fatigué , il s’était endormi sur le lit sans même aller dîner.

Démonstrateur en caisses enregistreuses il avait rendez vous le lendemain avec madame Denise X qui voulait équiper son commerce avec du matériel moderne.

Ayant l’habitude de dormir relativement peu mais très bien il récupérait vite , vers sept heures, il se réveilla, ouvrit les yeux : la chambre ne lui rappelait rien ! Ses idées s’éclaircissant , il se rappela son départ dès l’aube, l’attente du taxi , les embouteillages, le temps perdu pour son changement de train , et enfin l’hôtel, la chambre et le lit tant attendu.

Il se commanda un copieux petit déjeuner , se doucha, ouvrit les volets électriques puis la fenêtre et regarda la rue en contre-bas.

Soudain il éclata de rire. Juste en face, de l’autre côté de la rue, il y avait une boutique dont l’enseigne était "Chez Denise, frivolités pour dames".
Était-ce vraiment là qu’il devait se rendre, ou était-ce une coïncidence qui le ramenait à sa jeunesse?


Un flot de souvenirs lui revint aussitôt en mémoire. Dans un village du Cher où il passait ses vacances scolaires chez ses grands parents, il avait connu une boutique qui s’appelait les Frivolités de Denise, située en face d’un café-tabac : Le Balto dont le patron était surnommé P’tit Blanc car c’était son breuvage préféré .

Sa mémoire reconstitua peu à peu cet épisode de jeunesse où, avec Victor, le fils de P’tit Blanc, ils avaient fait une découverte étonnante.
Au bout du couloir du premier étage du café, qu’il fallait emprunter pour aller aux toilettes, un œil de bœuf permettait une vue directe sur la porte-fenêtre du magasin de Denise.
Garnie d’un simple rideau ajouré et donnant sur un petit balcon elle permettait de voir des dames en tenue légère !


Évidemment le premier client qui découvrit le spectacle, raconta ses visions de femmes entrain d’essayer corset, gaine soutien-gorge ou culotte et la fréquentation des toilettes augmenta au point de devenir suspecte au patron du Balto.

Il vérifia , comprit aussitôt l’intérêt particulier porté à ses toilettes et pensant à son épouse qui avait été acheter un soutien-gorge peu de jours avant, il s’énerva un peu un peu puis se décida à agir aussitôt.

Il avait été à l’école avec Gaston le mari de Denise ,qui était armurier dans la même rue.
Dès qu’il le put, il lui rendit une visite discrète et lui expliqua la visibilité excessive du salon d’essayage de la boutique de son épouse.


Arrête ton char ! Tu es ami de ma jeunesse , tu ne me raconterais pas des craques par hasard?

Mais non, Gaston, viens voir toi-même répondit P’tit Blanc c’est facile tu as cent mètres à faire. Gaston se déplaça , découvrit l’œil de bœuf , vit les dames en essayage et se rendit aussitôt chez son épouse pour lui expliquer la curiosité malsaine des clients du café de P’tit Blanc.

Denise s’en voulut de ne pas avoir pensé à mettre des rideaux plus aptes à dissimuler ses clientes aux voyeurs éventuels.Elle mit donc des voilages épais qu’elle pensait efficaces mais qui ne firent que déplacer le problème.

La pièce étant devenue plus sombre , l’éclairage était en permanence nécessaire et les ombres chinoises des clientes de Denise devenaient d’un précision tout aussi susceptible d’attirer les curiosités qu’avant.

Ce fut la vendeuse qui eut une idée efficace, économique et d’une application immédiate :
Prendre de grands cartons publicitaires donnés par les marques de sous-vêtements et les placer devant la porte-fenêtre comme des paravents pour dissimuler les dames en petite tenue aux observateurs indésirables.
L’orientation de la boutique la faisait bénéficier du soleil du matin ce qui décolorait peu à peu les publicités cartonnées qui, délavées, perdant la précision de leur dessin et l’attrait de leurs couleurs , devenaient laides.
Mais il était facile d’en changer et il y en avait assez en réserve pour rajeunir sans frais l’obstacle aux voyeurs.


Les publicités de l’époque furent donc bientôt connues de tous.
Le panneau portant :"Gisèle, Adèle et Marcelle portent du Rasurel, faites comme elles", présentait des dames portant des dessous aguichants ; il était à la fois commode et sympathique mais il se décolora en moins de deux mois au cours de l’ été.


Il fut remplacé par une affiche en noir et blanc avec une petite touche de rouge représentant des jambes interminables portant des bas "Vitos", qui mit environ trois mois pour devenir d’une affreuse pâleur.

Enfin apparut une affiche de lingerie de grand luxe , superbe selon les hommes. Elle représentait une femme qui victime du vent laissait voir ses jambes longues et fines, ses bas et ses dentelles de faible surface que toute femme devait acheter pour être à la mode.

Au grand plaisir des observateurs, la culotte minuscule ne dissimulait que partiellement les fesses ravissantes du sujet et, par chance, cette affiche résistait merveilleusement à la lumière à tel point qu’on la crut définitive.

Cette image fut surnommée :les avantages à la Denise, et dans le bistro l’expression : je vais voir les avantages à la Denise remplaça progressivement je vais changer le poisson d’eau.

Mais tout change : un jour Denise fit des travaux : vitres en verre dépoli sur la porte fenêtre et rideau occultant ; mais au café rien ne changea, on continuait à aller voir les avantages à la Denise quitte à se heurter à l’incompréhension des clients récents qui, bien sûr, ignoraient l’histoire.

Une discussion d’ivrogne faillit même dégénérer en pugilat : soutenu par le comptoir un buveur de passage déjà bien imbibé voulut expliquer que ce n’était pas français de dire les avantages à la Denise et qu’il fallait dire les avantages de la Denise.

Un habitué ,assez imprégné, lui-aussi, répondit: on dirait les avantages de la Denise quand ça serait les siens et que parce que ce n’était pas les siens il fallait dire les avantages à la Denise; la preuve Denise elle habite toujours là et les fesses à la Denise elles y sont plus.

Je vais quand même pas recevoir des leçons d’un nouveau venu qui ne sait même pas de quelles fesses on cause!

Le souvenir de cette tranche anecdotique de ma jeunesse l’ayant mis de bonne humeur , il prépara sa visite après avoir réglé sa note d’hôtel.

C’était bien la bonne rue et la bonne boutique il entra donc « Chez Denise frivolités pour dames », et n’eut aucun mal à persuader cette dame de la nécessité de changer son matériel démodé.

Il y avait dans le fond de la boutique l’affiche d’une femme qui sensible au vent dévoilait des jambes longues et fines, des bas et une culotte de dentelles réduite à sa plus simple expression qu'il reconnut, la marque existait toujours, et la publicité était devenue son image. Il ne put retenir un sourire amusé.

La dame percevant son attitude lui lança un regard interrogateur mais il n’osa lui répondre ; en pensant : "elle ne va même pas savoir de quelles fesses on cause"

Il la remercia de son accueil, la salua et partit en pensant , il faut que je téléphone ça à Victor; j’entends déjà son rire.






































































 
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Les Avantages à la Denise

Il était arrivé dans l’hôtel que sa société avait réservé au dernier moment et, fatigué , il s’était endormi sur le lit sans même aller dîner.

Démonstrateur en caisses enregistreuses il avait rendez vous le lendemain avec madame Denise X qui voulait équiper son commerce avec du matériel moderne.

Ayant l’habitude de dormir relativement peu mais très bien il récupérait vite , vers sept heures, il se réveilla, ouvrit les yeux : la chambre ne lui rappelait rien ! Ses idées s’éclaircissant , il se rappela son départ dès l’aube, l’attente du taxi , les embouteillages, le temps perdu pour son changement de train , et enfin l’hôtel, la chambre et le lit tant attendu.

Il se commanda un copieux petit déjeuner , se doucha, ouvrit les volets électriques puis la fenêtre et regarda la rue en contre-bas.

Soudain il éclata de rire. Juste en face, de l’autre côté de la rue, il y avait une boutique dont l’enseigne était "Chez Denise, frivolités pour dames".
Était-ce vraiment là qu’il devait se rendre, ou était-ce une coïncidence qui le ramenait à sa jeunesse?


Un flot de souvenirs lui revint aussitôt en mémoire. Dans un village du Cher où il passait ses vacances scolaires chez ses grands parents, il avait connu une boutique qui s’appelait les Frivolités de Denise, située en face d’un café-tabac : Le Balto dont le patron était surnommé P’tit Blanc car c’était son breuvage préféré .

Sa mémoire reconstitua peu à peu cet épisode de jeunesse où, avec Victor, le fils de P’tit Blanc, ils avaient fait une découverte étonnante.
Au bout du couloir du premier étage du café, qu’il fallait emprunter pour aller aux toilettes, un œil de bœuf permettait une vue directe sur la porte-fenêtre du magasin de Denise.
Garnie d’un simple rideau ajouré et donnant sur un petit balcon elle permettait de voir des dames en tenue légère !


Évidemment le premier client qui découvrit le spectacle, raconta ses visions de femmes entrain d’essayer corset, gaine soutien-gorge ou culotte et la fréquentation des toilettes augmenta au point de devenir suspecte au patron du Balto.

Il vérifia , comprit aussitôt l’intérêt particulier porté à ses toilettes et pensant à son épouse qui avait été acheter un soutien-gorge peu de jours avant, il s’énerva un peu un peu puis se décida à agir aussitôt.

Il avait été à l’école avec Gaston le mari de Denise ,qui était armurier dans la même rue.
Dès qu’il le put, il lui rendit une visite discrète et lui expliqua la visibilité excessive du salon d’essayage de la boutique de son épouse.


Arrête ton char ! Tu es ami de ma jeunesse , tu ne me raconterais pas des craques par hasard?

Mais non, Gaston, viens voir toi-même répondit P’tit Blanc c’est facile tu as cent mètres à faire. Gaston se déplaça , découvrit l’œil de bœuf , vit les dames en essayage et se rendit aussitôt chez son épouse pour lui expliquer la curiosité malsaine des clients du café de P’tit Blanc.

Denise s’en voulut de ne pas avoir pensé à mettre des rideaux plus aptes à dissimuler ses clientes aux voyeurs éventuels.Elle mit donc des voilages épais qu’elle pensait efficaces mais qui ne firent que déplacer le problème.

La pièce étant devenue plus sombre , l’éclairage était en permanence nécessaire et les ombres chinoises des clientes de Denise devenaient d’un précision tout aussi susceptible d’attirer les curiosités qu’avant.

Ce fut la vendeuse qui eut une idée efficace, économique et d’une application immédiate :
Prendre de grands cartons publicitaires donnés par les marques de sous-vêtements et les placer devant la porte-fenêtre comme des paravents pour dissimuler les dames en petite tenue aux observateurs indésirables.
L’orientation de la boutique la faisait bénéficier du soleil du matin ce qui décolorait peu à peu les publicités cartonnées qui, délavées, perdant la précision de leur dessin et l’attrait de leurs couleurs , devenaient laides.
Mais il était facile d’en changer et il y en avait assez en réserve pour rajeunir sans frais l’obstacle aux voyeurs.


Les publicités de l’époque furent donc bientôt connues de tous.
Le panneau portant :"Gisèle, Adèle et Marcelle portent du Rasurel, faites comme elles", présentait des dames portant des dessous aguichants ; il était à la fois commode et sympathique mais il se décolora en moins de deux mois au cours de l’ été.


Il fut remplacé par une affiche en noir et blanc avec une petite touche de rouge représentant des jambes interminables portant des bas "Vitos", qui mit environ trois mois pour devenir d’une affreuse pâleur.

Enfin apparut une affiche de lingerie de grand luxe , superbe selon les hommes. Elle représentait une femme qui victime du vent laissait voir ses jambes longues et fines, ses bas et ses dentelles de faible surface que toute femme devait acheter pour être à la mode.

Au grand plaisir des observateurs, la culotte minuscule ne dissimulait que partiellement les fesses ravissantes du sujet et, par chance, cette affiche résistait merveilleusement à la lumière à tel point qu’on la crut définitive.

Cette image fut surnommée :les avantages à la Denise, et dans le bistro l’expression : je vais voir les avantages à la Denise remplaça progressivement je vais changer le poisson d’eau.

Mais tout change : un jour Denise fit des travaux : vitres en verre dépoli sur la porte fenêtre et rideau occultant ; mais au café rien ne changea, on continuait à aller voir les avantages à la Denise quitte à se heurter à l’incompréhension des clients récents qui, bien sûr, ignoraient l’histoire.

Une discussion d’ivrogne faillit même dégénérer en pugilat : soutenu par le comptoir un buveur de passage déjà bien imbibé voulut expliquer que ce n’était pas français de dire les avantages à la Denise et qu’il fallait dire les avantages de la Denise.

Un habitué ,assez imprégné, lui-aussi, répondit: on dirait les avantages de la Denise quand ça serait les siens et que parce que ce n’était pas les siens il fallait dire les avantages à la Denise; la preuve Denise elle habite toujours là et les fesses à la Denise elles y sont plus.

Je vais quand même pas recevoir des leçons d’un nouveau venu qui ne sait même pas de quelles fesses on cause!

Le souvenir de cette tranche anecdotique de ma jeunesse l’ayant mis de bonne humeur , il prépara sa visite après avoir réglé sa note d’hôtel.

C’était bien la bonne rue et la bonne boutique il entra donc « Chez Denise frivolités pour dames », et n’eut aucun mal à persuader cette dame de la nécessité de changer son matériel démodé.

Il y avait dans le fond de la boutique l’affiche d’une femme qui sensible au vent dévoilait des jambes longues et fines, des bas et une culotte de dentelles réduite à sa plus simple expression qu'il reconnut, la marque existait toujours, et la publicité était devenue son image. Il ne put retenir un sourire amusé.

La dame percevant son attitude lui lança un regard interrogateur mais il n’osa lui répondre ; en pensant : "elle ne va même pas savoir de quelles fesses on cause"

Il la remercia de son accueil, la salua et partit en pensant , il faut que je téléphone ça à Victor; j’entends déjà son rire.






































































Belle lecture de bon matin
Ça réveille
Merci et bonne journée
Gaby
 
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