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Parole de noyer !
Par l’oiseau bienfaiteur abandonnant sa graine,
Le mitan d’un pré d’or fut mon lit doux et chaud.
J’ai grandi sans souci à mon pied quelle aubaine
Une source chantait, je me mirai dans l’eau.
Je me suis étoffé, nourri de terre vierge,
Si bien, si grassement qu’au jour de mes douze ans,
D’une branche touffue un noble fruit émerge,
Entre-nous chers amis je me sentis géant.
Le printemps se profile à mon anniversaire
La coque de ma noix se gonfle au fil des jours.
Les blés autour de moi, de leur aura solaire
Mûrissent mes rameaux jusqu’aux prochains labours.
Une femme un matin, glanant quelques colchiques,
Passa tout près de moi, elle vit mon fruit mûr,
Sa drupe a craquelé, deux œillades critiques
L’arracha vivement, la jeta au futur.
Quinze ans, vingt ans, trente ans, des fruits en abondance.
La noix abandonnée fit Byzance à son tour.
Le jour de la Saint-Jean, avant que le feu danse
L’on vient cueillir nos fruits, macérant de longs jours.
Le vin ambre tiré, à Noël faut le boire !
Un soir au ciel zébré la foudre me brisa.
Longtemps j’ai résisté, j’en perdis la mémoire,
Me suis laissé tomber, la vie me méprisa.
« Dis-leur toi mon amie, que j’étais un bel arbre, riche et fier verdoyant, il y a très longtemps !»
Margénye
Septembre 2017.