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Etat d'âme SPLEEN !

Gonzague

Grand poète
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#1
Spleen d'alcool !

Ruraux déracinés, enfants abandonnés
Tant de vieillards, d’infirmes et d’aliénés
La lie, le rebut, le peuple des indigents
Misère et pauvreté, par manque d’argent.

Que me veux-tu bourgeois ? Le sort s’est acharné
Depuis que je suis né, ce corps tant décharné
Que les tiques et puces n’ont rien à manger
Pourquoi notable, viens-tu me déranger ?

Laisse-moi crever ici ! Errer dans les rues
Sans-le-sou, ta pitié serait incongrue
Fait demi-tour, toi qui as le ventre gras !

Pour amis, la Mort, son cortège funèbre
Je préfère aller vers le monde des ténèbres
Bouffer par les rats ! Car eux, ne sont pas ingrats !

Dans les vapeurs d'alcool, j'écris un assonnoir
Sur le coin du zinc d'un vieil estaminet
Entre deux verres d'absinthe et les maux noirs
J'ai pris cet endroit malfamé pour cabinet.

J'erre des heures dans cette étrange gargote
Je m'adonne souvent à des jeux de tripot
Ce climat malsain et glauque, me ravigote
J'aime le décor encanaillé des bistrots.

Sur le papier des mots ivres, éméchés
Qui titubent, trébuchent, la gorge asséchée
Par manque d'encre, devenus de vrais pochards.

Cet assommoir, la descente vers les enfers
Je vais rejoindre mon bel ami Lucifer
Où je vais terminer ma vie, comme clochard !

Poète toujours soûl, je suis las, à court d'encre
Dans un bar malfamé du port, j'ai jeté l'ancre
La dive bouteille ne veut pas se vider
Se remplit chaque fois d'alcool, mais pas d'idées !

Je bois à m'enivrer de rimes frelatées
Des maux aux mots, le goût aux vers inexploité
Mais pour un verre, vers de verts contenants
J'ai le vertige ! Je ne suis pas abstinent !

Je rêve de mer, j'ai des langueurs océanes
Prendre le large, avec la belle Morgane
Hélas ! Mon corps est devenu triste, une épave
J'ai reçu la houle alcoolique dans l'étrave !

Moi je dis, l'auteur ! Ce n'est qu'un écrit, pas grave
Il me suffit qu'un vers pour couper les entraves
L'esprit est serein pour composer un poème
Le Poète a toujours en lui l'âme bohème !

Vas-tu venir vers moi qui meurs de désespoir
Je te veux pour maîtresse, merveilleuse gloire
Ô miroir ! Tu ne vois qu'un poète esseulé
Perdu le jour dans son délire alcoolisé

Dive bouteille, ma compagne d’infortune
Ma mie ! Comment pourrais-je te porter rancune
Toi qui réconforte ma triste âme en jachère
Que de talent gâché, ma vie ne vaut pas cher !

Le sort s’acharne, suis-je un Poète maudit ?
Apollon ! Je t’implore ! Donne-moi crédit
Que les doux lustres d’antan éclairent ma flamme
Et je porterai dans mes vers, ton oriflamme !

Faut-il s'égarer dans les brumes de l'alcool
Dans les vertiges éthérés d'un rhum agricole
Pour connaître le doux chant, de la poésie
L'âme de Bacchus, dans mes veines d'amnésie !

Faut-il cette ivresse, ce plaisir imbibé
Des senteurs d'eau-de-vie, des boissons prohibées
Pour écrire des mots, titubant dans les vers
D'un verre de rimes et d'aimer leurs travers.

Je suis soûl, ivre, je divague, navigue
Sur un océan d'effluves, sur des vagues
Assombries de vapeurs, de parfums anisés
L'esprit se perdant dans les limbes alcoolisés.

Un spleen mélancolie, au parfum aigre doux
Langueur atone d’ennui d’une nuit trop noire
Des souvenirs cafards, souvenances d’un soûl
Quand l’alcool défraîchi nous joue des tours du soir.

Sombres pensées de désespoir, un crépuscule
D’humeur à jeter au feu, l’amour trahison
Enfermé dans la bouteille, là où tout bascule
A réveiller la gueule, d’un matin prison.

La tête dans le cul, à frapper les murs
De nos larmes de sang, à vider tout son vin
Sur son corps épave, à vomir la saumure

Frelatée du tord-boyaux que l’on croit divin.
 
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