Hors ligne
Le ciel s’est fissuré d’un silence inquiétant
et l’air naguère doux comme un secret d’enfant
s’est mis à mordre,
langue de feu sur les joues du monde.
Les glaciers, ces vieux sages aux barbes blanches,
fondent en larmes silencieuses,
la mémoire des siècles
coule dans les veines d’un temps malade.
La mer, jadis berceuse aux rythmes tendres,
devient bête furieuse,
dévorant les rivages comme un loup affamé,
renversant les digues
comme on abat des certitudes.
Les forêts suffoquent,
poumons brûlés d’un géant trop longtemps ignoré,
et les arbres, sentinelles fatiguées,
tombent un à un
comme des soldats sans cause.
Les vents n’ont plus de boussole.
Ils hurlent à travers les champs
où le blé ne pousse plus,
où la pluie devient torrent de colère.
Les chants des oiseaux s'épuisent,
les abeilles se perdent en l’absence de fleurs.
La vie, petite flamme vacillante,
tremble dans l’ombre menaçante
d’un feu que nous avons trop attisé.
Et la Terre,
ce précieux vaisseau bleu,
qui tournait autrefois dans un bel équilibre,
titube maintenant
victime de notre insouciance.