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Poème Un jardin merveilleux au cœur de mon enfance

Ravel

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Un jardin merveilleux au cœur de mon enfance

Il était un jardin de prestance modeste où j’allais très souvent étant petite fille, me ressourcer sans doute, mais n’en n’avais pas conscience. Lorsqu’on est enfant l’on ne se soucie pas de l’état de son âme…dommage ! Cela pourrait servir en devenant adulte. Mais revenons à mon jardin qui d’ailleurs n’était pas le mien, non ! Mais celui de ma tante et mon oncle, c’était un peu chez moi !

Souvent je pense à lui et me revois enfant. Aujourd’hui c’est avec les mots des grands que j’exprimerais ma nostalgie, ce mot que j’ignorais aussi en ce temps qui me paraît si lointain.

Chaque saison nouvelle son allure changeait. Quand novembre s’imposait et qu’on rendait hommage à ces morts de la guerre qui sont tombés pour nous comme les grands disaient et dans le discours du Maire où l’on se recueillait sans vraiment trop comprendre.

Les familles aisées, il y en avait quelques-unes, allaient chez la fleuriste acheter leur bouquet. Moi, enfant de famille modeste et nous étions nombreux, j’allais chez ma « Tatou ».

Munie d’un sécateur, elle choisissait les plus belles fleurs, elle coupait délicatement les tiges des superbes plants de chrysanthèmes pour en faire un bouquet resplendissant, aux nuances variées. Les jaunes se mariaient avec ceux aux reflets d’or, entrelacés au mordoré et pour finir le mauve s’imposait avec délicatesse. Afin de donner la touche finale personnelle, elle nouait le tout d’un beau lien de raphia, me voilà comblée pour suivre le cortège qui nous conduisait au grand jardin.

Là où tout le monde se repose ! Devant le monument aux « Morts pour la France », nous déposions fièrement nos bouquets, les modestes et les autres tous au même rang.

Puis, l’hiver de ses longs doigts de verre se posait sur la terre du jardin merveilleux, espérant sagement quelques flocons de neige qui voudraient bien venir apporter ses vertus.

Mais comme tout enfant ignorant tant de chose, je pensais que la terre « fégnassait » tout l’hiver, mais non ! m’a dit un jour ma tante…

- Dès le printemps venu, je te l’expliquerai et tu comprendras mieux !

Bientôt viendra Noël vêtu de manteau blanc, la crèche et ses mystères. Les souliers au tison et le sapin en fête au cœur de la maison. Dieu qu’il en est passé de beaux anniversaires, mais ces souvenirs-là sont calqués en mon cœur et sont inaltérables.

Les voici de retour après de longues fiançailles, janvier et février message avant- coureur du printemps qui lambine et le jardin s’ennuie et le jardin bouillonne.

Ma tante un beau matin, prit ma main sans mot dire et me conduit au bord du jardin somnolent, à voix basse me dit comme on livre un secret…

-regarde l’amandier, toi qui le croyais mort !

Je n’ai pas mangé assez de soupe pour atteindre la hauteur normale et découvrir le miracle, je grimpai donc sur un cageot retourné et m’approchai.

-regarde de plus près, tu les vois ces minuscules perles vertes, ce tout petit semblant de vie accroché à la branche mère, un peu comme toi aux jupes de Maman ? Et bien c’est ça, la preuve vivante que l’hiver travaille pour nous, sans bruit, dans ce silence froid que l’on pourrait prendre pour de l’indifférence, et bien voilà petite c’est tout cela le miracle des saisons !

Très bientôt, dans quelques semaines à nouveau le jardin reprendra son allure fière, car tout ce que ton oncle a semé en fin d’Automne : fèves, haricots, petits pois, radis et pommes de terre, en une ronde folle et chacun à leur tour, à tes yeux étonnés t’apporteront l’obole, le résultat flagrant que l’hiver ne dort pas à ce que l’on pourrait croire.

Puis, en un souffle torride, l’été apportera au jardin merveilleux, à la façon d’un peintre, des couleurs sur les joues des premières tomates. Les courgettes naîtront dans la corolle jaune de cette jolie fleur mère étincelante, les glaïeuls sur leur hampe feront de grands bouquets, des brassées chatoyantes pour les tables de fête.

Des parterres de fleurs minuscules pensées ont bleui mon regard jamais inassouvi de tous ces souvenirs, qui, mit bout à bout, ont fait de mon enfance un cocon merveilleux.

Tous les gens de ma vie hélas! S’en sont allés, ils me manquent. Ce matin m’éveillant, j’ai eu pour eux une pensée très forte. Prenant alors ma feuille et mes souvenirs à témoin, j’ai repris le chemin du jardin merveilleux.



« À Tatou et Tonton Caillol » Votre Nitou. Margénye octobre 2014.



Janine Ravel.
 

D.Isabelle

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#2
Un jardin merveilleux au cœur de mon enfance

Il était un jardin de prestance modeste où j’allais très souvent étant petite fille, me ressourcer sans doute, mais n’en n’avais pas conscience. Lorsqu’on est enfant l’on ne se soucie pas de l’état de son âme…dommage ! Cela pourrait servir en devenant adulte. Mais revenons à mon jardin qui d’ailleurs n’était pas le mien, non ! Mais celui de ma tante et mon oncle, c’était un peu chez moi !

Souvent je pense à lui et me revois enfant. Aujourd’hui c’est avec les mots des grands que j’exprimerais ma nostalgie, ce mot que j’ignorais aussi en ce temps qui me paraît si lointain.

Chaque saison nouvelle son allure changeait. Quand novembre s’imposait et qu’on rendait hommage à ces morts de la guerre qui sont tombés pour nous comme les grands disaient et dans le discours du Maire où l’on se recueillait sans vraiment trop comprendre.

Les familles aisées, il y en avait quelques-unes, allaient chez la fleuriste acheter leur bouquet. Moi, enfant de famille modeste et nous étions nombreux, j’allais chez ma « Tatou ».

Munie d’un sécateur, elle choisissait les plus belles fleurs, elle coupait délicatement les tiges des superbes plants de chrysanthèmes pour en faire un bouquet resplendissant, aux nuances variées. Les jaunes se mariaient avec ceux aux reflets d’or, entrelacés au mordoré et pour finir le mauve s’imposait avec délicatesse. Afin de donner la touche finale personnelle, elle nouait le tout d’un beau lien de raphia, me voilà comblée pour suivre le cortège qui nous conduisait au grand jardin.

Là où tout le monde se repose ! Devant le monument aux « Morts pour la France », nous déposions fièrement nos bouquets, les modestes et les autres tous au même rang.

Puis, l’hiver de ses longs doigts de verre se posait sur la terre du jardin merveilleux, espérant sagement quelques flocons de neige qui voudraient bien venir apporter ses vertus.

Mais comme tout enfant ignorant tant de chose, je pensais que la terre « fégnassait » tout l’hiver, mais non ! m’a dit un jour ma tante…

- Dès le printemps venu, je te l’expliquerai et tu comprendras mieux !

Bientôt viendra Noël vêtu de manteau blanc, la crèche et ses mystères. Les souliers au tison et le sapin en fête au cœur de la maison. Dieu qu’il en est passé de beaux anniversaires, mais ces souvenirs-là sont calqués en mon cœur et sont inaltérables.

Les voici de retour après de longues fiançailles, janvier et février message avant- coureur du printemps qui lambine et le jardin s’ennuie et le jardin bouillonne.

Ma tante un beau matin, prit ma main sans mot dire et me conduit au bord du jardin somnolent, à voix basse me dit comme on livre un secret…

-regarde l’amandier, toi qui le croyais mort !

Je n’ai pas mangé assez de soupe pour atteindre la hauteur normale et découvrir le miracle, je grimpai donc sur un cageot retourné et m’approchai.

-regarde de plus près, tu les vois ces minuscules perles vertes, ce tout petit semblant de vie accroché à la branche mère, un peu comme toi aux jupes de Maman ? Et bien c’est ça, la preuve vivante que l’hiver travaille pour nous, sans bruit, dans ce silence froid que l’on pourrait prendre pour de l’indifférence, et bien voilà petite c’est tout cela le miracle des saisons !

Très bientôt, dans quelques semaines à nouveau le jardin reprendra son allure fière, car tout ce que ton oncle a semé en fin d’Automne : fèves, haricots, petits pois, radis et pommes de terre, en une ronde folle et chacun à leur tour, à tes yeux étonnés t’apporteront l’obole, le résultat flagrant que l’hiver ne dort pas à ce que l’on pourrait croire.

Puis, en un souffle torride, l’été apportera au jardin merveilleux, à la façon d’un peintre, des couleurs sur les joues des premières tomates. Les courgettes naîtront dans la corolle jaune de cette jolie fleur mère étincelante, les glaïeuls sur leur hampe feront de grands bouquets, des brassées chatoyantes pour les tables de fête.

Des parterres de fleurs minuscules pensées ont bleui mon regard jamais inassouvi de tous ces souvenirs, qui, mit bout à bout, ont fait de mon enfance un cocon merveilleux.

Tous les gens de ma vie hélas! S’en sont allés, ils me manquent. Ce matin m’éveillant, j’ai eu pour eux une pensée très forte. Prenant alors ma feuille et mes souvenirs à témoin, j’ai repris le chemin du jardin merveilleux.



« À Tatou et Tonton Caillol » Votre Nitou. Margénye octobre 2014.



Janine Ravel.
Merveilleux souvenirs que j'ai pris plaisir à lire _ souvenirs qui m'ont rappelé les miens !
Merci Janine de ce doux partage
Belle journée avec mon amitié
Isabelle 🌷
 

Ravel

Grand poète
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#3
Merci à vous Isabelle. en l'écrivant je revivais tous ces instants de ma vie me délectant discrètement, avec un peu de nostalgie et les yeux qui piquent un peu! mais c'est la vie! heureusement qu'il reste les souvenirs. bon wk amitié. Janine.
 
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