Hors ligne
Toi
Moi
à l'instant où nos souffles
semblent avoir les mêmes contours
Nos coeurs fantômes
s'apprivoisent puis se replient
sans bien se connaître
Je suis femme des nues
Tu es l'homme aux loups
L'attente d'un mot
dans les cailloux secs de l'été
Des sourires suspendus
au bout des branches
dans la poussière des heures
Parfois nous nous croisons
sur des chemins de colère
où le grésillement de l'air
vient fendre nos armures
Et dans nos langues cousues
en bouche
on cache un signe
pour l'amertume
de nos aubes de sel
Le ciel est grand ouvert
pour nous
mais aucun courant ascendant
ne nous arrache à la glaise impassible
Alors on tente l'oubli
La page blanche
espace famélique
où rien ne chante
Les pointillés muets
où s'étirent les rêves
sans capituler
Il ne reste que des paroles en l'air
qui voltigent avec les martinets
Où vont-elles
dans le deuil de nos paumes lointaines ?
Je ramasse un nid de mousse
sur l'herbe sèche qui sent la pierre
Est-ce là un présage
dans la fragilité du présent ?
Ne pas se laisser s'éloigner
l'un de l'autre
par quelque mauvais sort
ou quelque coup de sang
Les mots en filigrane
nous donnent à chercher le sens
Il y a çà et là
la réconciliation d'un poème
petite corne d'abondance
dont on fait un royaume