Hors ligne
Elle s'écoutait écrire et se relisait à haute voix. Se bousculaient alors toutes les inflexions du répertoire théâtral, mâchant et savourant les mots comme s'il s'était agi de son dernier repas.
Il s’en serait fallu de très peu pour qu'elle s'applaudît. Et puis, sans que le doute ne la frôle le moins du monde, elle lança, pénétrée, devant un miroir qui suintait l'image de sa vanité « voici l'incipit de mon best seller ».
« L'un de vous me trahira » ajouta-t-elle à l'adresse de ses plumitifs... nègres engoncés ou encore critiques supposés qui se seraient forcément rués sur cette pépite sans en goûter la pureté, l'éclat, la consistance.
Oh ! Oui ! Du caviar pour des groins !
Et bien qu'elle consentît à sacrifier son talent sur l'autel de leur médiocrité et en supportât les stigmates calami, elle préparait déjà son discours flamboyant d’intronisation à l'Académie.
« Merci... Merci... Merci » en vagues successives émergeaient tout juste d’un tonnerre d’applaudissements lorsque, soudain, elle entendit la sonnerie déchirante du réveil l’arracher aux tripes d'un sommeil matelassier et fécond.
Z.
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