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Nouvelle En bref, que peut-on dire de la nouvelle ?

Peniculo

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En bref, que peut-on dire de la nouvelle ?


Je vais sur la nouvelle vous dire ce que je sais :
J’ai lu, j’ai regroupé, mais ce n’est pas parfait
Enfin ce qui est là, issu de mon labeur
Est peut-être incomplet mais dépourvu d’erreur.


Une nouvelle est un récit court. Apparu à la fin du Moyen Âge, ce genre littéraire était alors proche du roman et d'inspiration réaliste, se distinguant peu du conte.

Au XIXe siècle, les auteurs ont progressivement développé d'autres possibilités du genre, en s'appuyant sur la concentration de l'histoire pour renforcer l'effet de celle-ci sur le lecteur, par exemple par un dénouement surprenant.

Les thèmes se sont également élargis : la nouvelle est devenue une forme privilégiée de la littérature fantastique, policière, et de science-fiction.

Naissance

À Hamadan (ancienne capitale de la Perse) vivait au du Xe siècle Badî‘a az-Zamân al-Hamadhânî (968-1009) qui est considéré comme le précurseur de la nouvelle à travers le "maqâma".

Le Maqâma est un genre littéraire spécifiquement arabe. Il s'agit d'un récit plutôt court mettant en scène un personnage central qui cherche à gagner sa vie, par la ruse et l’éloquence. Ce récit est écrit en saj’ (prose rimée et rythmée).

En France, la nouvelle nait au Moyen Âge, s’ajoutant ou se substituant à divers récits brefs : fabliaux, lais, dits, devis, contes, etc.

Les nouvelles étaient de petites histoires anonymes distribuées gratuitement dans la rue, se distinguant en deux groupes : les "exemplums", qui étaient des récits religieux prêchant la morale et les dons à l'église, et les "canards", racontant des faits divers comme des vols, des tromperies, ou des meurtres. Ces derniers ont donné aujourd'hui le mot argotique désignant le journal, qui lui-même rapporte des faits divers.

Inspiré du Décaméron (1349-1353) de Boccace, le premier recueil de nouvelles françaises, anonyme, les "Cent Nouvelles nouvelles", parut probablement paru entre 1430 et 1470.

Mais c’est le XVIe siècle qui voit l’essor de ce genre.

L'Heptaméron, de Marguerite de Navarre en 1558 donne au genre ses premières lettres de noblesse : dans ce recueil inachevé de 72 récits, voisinant avec les récits licencieux hérités des fabliaux, on trouve des histoires plus graves, où l’anecdote prend une dimension psychologique.

Développement

Publiées en 1613 et traduites en français deux ans plus tard, les Nouvelles exemplaires de Miguel de Cervantès, l’auteur de Don Quichotte, connaissent un succès considérable et constituent pour longtemps la référence.

Le genre subit alors une évolution double, déterminée par ses relations avec le roman. Dans un premier temps, la nouvelle se rapproche du roman par ses sujets et sa composition : ainsi, La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette est considérée, au moment de sa parution, comme une nouvelle.

Les romans contemporains intègrent d'ailleurs souvent en leur texte des nouvelles, sous la forme de digressions à l'intérieur du récit principal.

Mais la nouvelle se distingue, des romans de l’époque longs et touffus, par son action plus resserrée. C’est cette conception qui, dans les dernières décennies du XVIIIe siècle, l’emporte finalement sur la nouvelle « petit roman », et qui se développe au cours du siècle suivant.

Floraison

On considère le XIXe siècle comme l’âge de la nouvelle.

Honoré de Balzac (Contes drolatiques), Gustave Flaubert (Trois contes), Victor Hugo(Claude Gueux), Stendhal (Chroniques italiennes), Alfred de Musset, Barbey d’Aurevilly (Les Diaboliques), George Sand (Nouvelles), Zola (Contes à Ninon), presque tous les romanciers importants ont écrit des nouvelles.

Certains, sont prolifiques comme Prosper Mérimée, Jean de La Varende, Guy de Maupassant qui en a écrit plus de trois cents dans dix-huit recueils publiés de son vivant, Anton Tchekhov qui a écrit six cent vingt nouvelles

La nouvelle exploite alors en France deux voies apparemment opposées : réalisme et fantastique, elle aborde, tous les thèmes et emprunte tous les tons.

Elle ne se limite pas à la France : en témoignent, entre autres Hoffmann, Edgar Poe, Henry James, Herman Melville, Pouchkine, Gogol, Tchekhov, et d’autres. Il convient enfin de rappeler que c’est au cours du XIXe siècle que sont proposées les théories les plus élaborées du genre, d’abord en Allemagne (Goethe et Schlegel), puis aux États-Unis (Poe et James).

Alphonse Allais, fondateur du rire moderne, introduit la folie dans ses nouvelles, comme Les templiers.

Le XXe siècle a vu de nombreux écrivains choisir la forme courte. En France, Sartre, bien sûr, et son recueil Le Mur, mais aussi, parmi les contemporains, Alain Robbe-Grillet, inventeur du nouveau roman (Instantanés, éditions de Minuit), Nathalie Sarraute pour n'en citer que quelques-uns, connus ou moins connus.

Certains ne s'expriment (presque) que par la nouvelle : Jacques Sternberg, écrivain belge dont presque tout l'œuvre emprunte cette forme (188 contes à régler, 300 contes pour solde de tout compte, Contes griffus, etc.).

Divergences

Dans les pays anglo-saxons on considère que la nouvelle peut se classifier en trois catégories suivant sa longueur.

L'organisation Science Fiction and Fantasy Writers of America en a donné une définition : l'histoire courte (short story) compte moins de 7 500 mots,

la novelette comprend les histoires entre 7 500 et 17 499 mots, et la novella, presque un roman, comprend les histoires entre 17 500 et 40 000 mots.

La micronouvelle, récit suggestif souvent caustique caractérisé par une brièveté extrême (moins de 300 signes), est, quant à elle, de plus en plus considérée par les critiques littéraires comme un genre à part entière

Poétique de la nouvelle ?

Une nouvelle possède plusieurs caractéristiques qui poussent à sa brièveté.

Elle est centrée sur un seul événement. Ses personnages sont peu nombreux et sont moins développés que dans le roman.

La fin est souvent inattendue, et prend la forme d'une « chute » parfois longue mais de quelques lignes seulement en général.

Baudelaire, traducteur de Poe, a proposé cette analyse de la nouvelle :

« Elle a sur le roman à vastes proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l’intensité de l’effet. Cette lecture, qui peut être accomplie tout d’une haleine, laisse dans l’esprit un souvenir bien plus puissant qu’une lecture brisée, interrompue souvent par le tracas des affaires et le soin des intérêts mondains.

L’unité d’impression, la totalité d’effet est un avantage immense qui peut donner à ce genre de composition une supériorité tout à fait particulière, à ce point qu’une nouvelle trop courte (c’est sans doute un défaut) vaut encore mieux qu’une nouvelle trop longue.

L’artiste, s’il est habile, n’accommodera pas ses pensées aux incidents, mais, ayant conçu délibérément, à loisir, un effet à produire, inventera les incidents, combinera les événements les plus propres à amener l’effet voulu. Si la première phrase n’est pas écrite en vue de préparer cette impression finale, l’œuvre est manquée dès le début. Dans la composition tout entière il ne doit pas se glisser un seul mot qui ne soit une intention, qui ne tende, directement ou indirectement, à parfaire le dessein prémédité. »

Est-il une recette pour faire une nouvelle ?

Mais dites-moi comment fait-on une nouvelle ?
J’essaie, mais je dilue ou je concentre trop,
La chose se finit ni plaisante ni belle,
N’obtient de mes lecteurs pas le moindre bravo.

Ah ! La brièveté est chose nécessaire !
Qui encre abondamment risque de décevoir
Le concis est précis, la chose reste claire
Il faut que le lecteur ne soit pas dans le noir.

Quant aux événements ! Contrôlez-en le nombre
Ne les compliquez pas, le texte s’alourdit,
S’ils pullulent sottement certains restent dans l’ombre
Les relier entre eux excitera l’esprit.

Songez que du lecteur la pensée se capture
Tenez le en éveil jusqu’au mot de la fin
La nouvelle homogène incite par nature
À ne laisser l’écrit qu’au terme du chemin.

D’une lecture brisée un livre bien souvent
Souffre et en le posant le lecteur se relâche
La nouvelle agrippant l’attente du moment
Au texte tout entier follement vous attache.

Créez des incidents qui intriguent et étonnent
Que vous orienterez vers un effet voulu
Sans hâte dénouez les termes qui résonnent
Quand du mot de la fin le temps sera venu.

Et pensez au début, l’impression première
Rend le lecteur captif du piège de vos mots
Si vous le tenez bien sa vigilance entière
Ira en fin d’écrit jusqu’au bravissimo.

Il faut préméditer le dessein de la chose
Sans trop le dévoiler à un œil attentif
La surprise finale évidemment s’impose
Le contraste séduit un esprit inventif.

Mais monsieur les sujets sont ils si évidents
Que l’embarras du choix devient complexité ?
Ou faut- il les secrets de quelques confidents
Pour avoir un récit digne de qualité ?

Naïf que vous êtes, soyez observateur
D’écrire tout est sujet, si quelque sentiment
Anime le récit lui donne de l’ardeur
Même un fait entrevu est un commencement.

Querelles de voisins, charmes cachés des dames
Ivresses concubines et sottises d’enfants,
Que l’on parle du corps que l’on parle de l’âme
On intrigue le jour et la nuit tout autant.

En revanche les ris, et lascifs commérages,
Sauront bien dérider l’esprit toujours coquin
Les histoires de cornes ou de galants hommages
De la nouvelle furent le début du chemin.

Mais gardez le comique hors de certaines choses
Les grands latins l’ont dit, il serait maladroit
De rire des tragédies que la vie nous impose
Misère, maladie, mort, ne sont jamais des choix.

Toucher reste possible et les grands sentiments
Se peuvent abréger en lignes émouvantes
Mais on se complaît mieux aux divertissements
Les nouvelles séduisent étant divertissantes.

Bref prenez le papier votre plume et courage
Vingt fois sur le métier repassez vos écrits
Chaque détail compte en limitant les pages
Charmez les yeux gourmands de délicats récits.












 

Impoésie

Grand poète
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#2
Très éclairant et recherche minutieuse... et la bonne nouvelle
dans tout ça, c'est que c'est finement bien écrit.

Amitiés
Impoésie
 

Moi

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#3
Il est bien dommage qu il y ait si peu de lecture pour cette belle et bonne nouvelle.
En tous cas j'ai apprécié en savoir plus sur la nouvelle
Merci de nous avoir donné de ses nouvelles.

Amitiés
 

Peniculo

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#4
Merci de votre lecture patiente car évidemment je ne pouvais faire court sans dénaturer.

deux lecteurs c'est déjà deux amis de culture
ça rembourse le temps passé à l'écriture
et l'on se sent gaillard d'avoir écrit la chose
qui fut lue sans mollir et sans même une pause!

Cordialement.
 
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