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L’ orage
Elle grondait au loin, la Bête furieuse….
Calme, le vent glissait sur les glaires d’azur
Et le ventre des blés, plein d’or et d’orge mûrs,
Ricanait, tout repu, sous l’œil froid des glaneuses.
Mais l’air s’obscurcissait… Tout montait du néant…
L’ombre, éteignant l’éclat des étoiles plaintives,
Ebouriffa la mer en trombes punitives
Et jeta sa vindicte aux îles du Levant.
L’insecte se taisait... Quel arbre en sa ramure
Eût osé se dresser devant l’ogre de fer
Qui venait, pas à pas, comme un rot de l’enfer
Eructer son averse et vomir sa saumure ?
L’écho sempiternel et froid des rêves morts,
Le chant trop sibyllin des sirènes marines
Ne pouvaient apaiser ce démon qui ravine
Chaque sillon vêtu d’orgueil ou de remords.
La Terre se courbait un peu plus sur son axe,
Changeant le cours du temps en un temps sans recours;
Et tout être vivant se cachait dans ses bourgs…
Mais où donc se blottir quand un dieu vous malaxe ?
Le feu gagne l’éclair, vrille et soudain vrombit,
Tourne et revient claquer comme un sang de tonnerre
Aux oreilles de ceux qui, fuyant ventre à terre
Plus loin que l’horizon, de peur sont estourbis!
La nature est violée! Une plainte outrageuse
Court le long des chemins écartelés, fendus.
Elle râle et ses larmes se mêlent aux flux
Embués de la pluie torrentielle et boueuse.
Où donc est le Soleil ? Le fer happe l’aimant
D’heures déboussolées aux cadrans sans aiguilles…
Crachins et feux follets lancent leurs escadrilles
Vers le dernier atome ou l’ultime élément!
Sans l’oiseau, l’arbre meurt…Du déluge vient l’ire
Des Maîtres de la Vie auxquels tout est soumis.
A la Création, ils rappellent le prix
De l’Ordre souverain qui pourrait tout détruire…
Ô poète, vigie interpellant les Dieux,
Sans cesse ballotté dans un monde égotique,
L’orage est, pour toi seul, l’annonce prophétique
D’une colère où l’Homme est sermonné des Cieux!…
Mais voilà que tout cesse, et l’arc-en-ciel inonde
De ses couleurs l’espace immense des sous-bois:
Doucement, le silence a remplacé l’effroi.
Une lueur diaphane apaise l’air et l’onde.
Chantez plaines, forêts, brins d’herbe fugitifs!
Aèdes et griots, pansez vos sépultures!
La Conscience du cœur pardonne à la Nature
Et rien n’est jamais vain malgré tous les rétifs.
Combats, désirs, pouvoirs : éternels fumeroles!
Chacun dresse plus haut sa tige pour s’ouvrir.
Nul ne voit le cœur pur d’amour sans lui mentir,
Ni le Mal qu’on a fait puisque les mots s’envolent…
Oublions la mémoire en ces journées heureuses!…
Le cours d’un monde éteint recommence le temps.
Les Anciens ont acquis l’expérience…Et pourtant…
Elle gronde à nouveau la Bête furieuse!....
Aix-en-Provence, 22 novembre 2008
Elle grondait au loin, la Bête furieuse….
Calme, le vent glissait sur les glaires d’azur
Et le ventre des blés, plein d’or et d’orge mûrs,
Ricanait, tout repu, sous l’œil froid des glaneuses.
Mais l’air s’obscurcissait… Tout montait du néant…
L’ombre, éteignant l’éclat des étoiles plaintives,
Ebouriffa la mer en trombes punitives
Et jeta sa vindicte aux îles du Levant.
L’insecte se taisait... Quel arbre en sa ramure
Eût osé se dresser devant l’ogre de fer
Qui venait, pas à pas, comme un rot de l’enfer
Eructer son averse et vomir sa saumure ?
L’écho sempiternel et froid des rêves morts,
Le chant trop sibyllin des sirènes marines
Ne pouvaient apaiser ce démon qui ravine
Chaque sillon vêtu d’orgueil ou de remords.
La Terre se courbait un peu plus sur son axe,
Changeant le cours du temps en un temps sans recours;
Et tout être vivant se cachait dans ses bourgs…
Mais où donc se blottir quand un dieu vous malaxe ?
Le feu gagne l’éclair, vrille et soudain vrombit,
Tourne et revient claquer comme un sang de tonnerre
Aux oreilles de ceux qui, fuyant ventre à terre
Plus loin que l’horizon, de peur sont estourbis!
La nature est violée! Une plainte outrageuse
Court le long des chemins écartelés, fendus.
Elle râle et ses larmes se mêlent aux flux
Embués de la pluie torrentielle et boueuse.
Où donc est le Soleil ? Le fer happe l’aimant
D’heures déboussolées aux cadrans sans aiguilles…
Crachins et feux follets lancent leurs escadrilles
Vers le dernier atome ou l’ultime élément!
Sans l’oiseau, l’arbre meurt…Du déluge vient l’ire
Des Maîtres de la Vie auxquels tout est soumis.
A la Création, ils rappellent le prix
De l’Ordre souverain qui pourrait tout détruire…
Ô poète, vigie interpellant les Dieux,
Sans cesse ballotté dans un monde égotique,
L’orage est, pour toi seul, l’annonce prophétique
D’une colère où l’Homme est sermonné des Cieux!…
Mais voilà que tout cesse, et l’arc-en-ciel inonde
De ses couleurs l’espace immense des sous-bois:
Doucement, le silence a remplacé l’effroi.
Une lueur diaphane apaise l’air et l’onde.
Chantez plaines, forêts, brins d’herbe fugitifs!
Aèdes et griots, pansez vos sépultures!
La Conscience du cœur pardonne à la Nature
Et rien n’est jamais vain malgré tous les rétifs.
Combats, désirs, pouvoirs : éternels fumeroles!
Chacun dresse plus haut sa tige pour s’ouvrir.
Nul ne voit le cœur pur d’amour sans lui mentir,
Ni le Mal qu’on a fait puisque les mots s’envolent…
Oublions la mémoire en ces journées heureuses!…
Le cours d’un monde éteint recommence le temps.
Les Anciens ont acquis l’expérience…Et pourtant…
Elle gronde à nouveau la Bête furieuse!....
Aix-en-Provence, 22 novembre 2008