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Poème La peur !

Gonzague

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#1
La peur,


L’aube se lève sur le champ de bataille

J’ai une forte douleur venant de l’estomac

L’envie de vomir mes tripes, de vider ma peur

Car ce soir, je ne verrais pas le soleil se coucher.


Dans deux heures, sur le coup de sifflet de l’officier

Je vais sortir de la tranchée, baïonnette au canon

Galvanisé par la haine, il faut casser du boche

Ces salauds qui ont envahi mon pauvre pays.


Encore un peu de temps, regard sur des photos jaunies


Et sur des lettres froissées, un moment de nostalgie

De ces doux souvenirs du passé, de ces moments heureux

Mon esprit s’embrume, je dois réagir, ce n’est pas le lieu.


Mon capitaine regarde fébrilement sa montre


Compte les minutes et soudain il arme son révolver

Le son perce le silence de la nuit, c’est le départ

Vers l’abîme, la montée vers l’enfer, de fer et de feu.


Je sors de mon trou, comme les autres soldats


Les mitrailleuses crachent leur fiel de projectiles

Un camarade tombe, une balle en pleine tête

Sa cervelle se répand sur mon uniforme.


Les canons se mettent à tonner, les obus à tomber

Autour de nous, un éclat arrache le visage d’un copain

Il hurle de douleur, le sang pisse à longs flots

Je dois continuer, je ne peux m’arrêter.


Nous arrivons au niveau d’un rideau de barbelés


L’ennemi continue à tirer, à faucher les jeunes gens

L’un d’eux est accroché aux fils de métal

Il a les entrailles qui lui sortent du ventre.


Vingt minutes de fin du monde, de durs, d’âpres combats


La moitié de la troupe est décimée, morte ou blessée

Et voilà enfin l’ennemi, je le vois comme il me voit

Nous sautons dans la tranchée, pour le tuer.


Face à face, homme à homme, corps à corps

Nous nous battons à coups de poignard ou de pelle

J’enfonce ma lame dans le cœur d’un allemand

Je sens sa vie partir, il est crevé l’ordure !




La peur (2),


Je m’appelle Hans et je suis allemand


Mon père a péri dans les tranchées de Verdun

Tué au cœur d’un coup de couteau par un Poilu

Je ne l’ai pas connu, je n’avais que cinq ans.


Enrôlé dans la Wehrmacht, nous avons envahi


En un mois la Pologne, la guerre commence

Déclenchée par la folie d’un homme dénommé

Hitler, six années d’horreurs absolues.


Je n’ai rien demandé, seulement subi


Je l’avoue, endoctriné par un fanatique

Le peuple a suivi le Führer vers l’enfer

Atteint par les maux les plus infects.


Pourquoi ? Ai-je participé à l’abominable


Au pire, à la négation totale d’êtres humains

A leur méthodique anéantissement programmé

On se disait supérieur à eux, mais en quoi ?



Aujourd'hui !


Nous sommes petits enfants de boches et poilus


Nous ne voulons plus de guerre, mais que la paix

Nous pensons à tous ces morts, pour notre salut

Plus jamais çà ! Ils méritent notre respect !

 
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