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Poème LES DORMEURS DU MAL

Gonzague

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#1
C’était un trou de verdure

C’était un soir d’été, dans la douceur des prés
Quand le soleil est las, d’éclairer la journée
Que le vent cesse de souffler dans les cyprès
Je me sens libéré, d’un travail acharné.

Allongé de mon long, sur un tapis de fleurs
D’herbes folles, que les derniers rayons me charment
Caressent doucement, de leurs doigts cajoleurs
Ma peau, je m’endors enfin, à l’ombre d’un charme.

Il est doux de rêver, de pouvoir s’évader
De vider son esprit, des mauvaises pensées
Je me revois enfant, heureux de gambader
Dans les champs de blés et de cueillir des pensées.

Nostalgie ! Tu me tues, d’aimer, ces temps d’antan
J’ai mal à l’âme, je veux fuir, tout oublier
Car je t’en veux, à me rappeler ces instants
De bonheur, pars ! Vas-t’en ! Dois-je te supplier ?

Pourquoi me faire souffrir ? Cruels souvenirs
J’étais heureux et insouciant, j’aimais la vie
Tout était beau et grand, j’avais un avenir
Et un jour, plus que maudit, la mort m’a surpris.

Je suis l’inconnu, sur la stèle funéraire
La guerre, ce n’était pas les flonflons du bal
Tombé au champ d’honneur, à côté de mes frères
Deux trous, côté droit, je suis le dormeur du val !

Pourquoi !

Il pleut des balles d’enfer, un crachat de mitraille
Le temps est lourd, pesant, du fer dans les entrailles
Je meurs et je ris ! A m’en faire mal ! Ciel bleu
Un beau jour de guerre, pour périr sous le feu !

Ils étaient fiers, ces grands et beaux bataillons
Marchant du même pas, à creuser des sillons
L’ennemi ancestral, incarnait tout le mal
Contre lui, on retrouvait, l’instinct animal !

Terrés dans des trous de rat, parmi les charognes
TUEZ ! TUEZ ! S’entretuez, sale besogne
Pourquoi ? Pourquoi ? Je vois la mort autour de moi
Ces corps meurtris, tout ce sang versé, pourquoi ?

Suis-je né pour cela, c’était ça mon destin
A porter un fusil, marcher vers le chemin
Qui me mène au tombeau, sauver la patrie
Au prix de ma vie, quel mépris, quelle ironie !

Entendez-vous, résonner le son du clairon
Annonçant la fin des combats, sur le perron
De mairie, énoncer les noms des combattants
Victoires, faits d’armes et leurs exploits éclatants !

Et dans les villages de France se dressent
Près des vieux marchés, la stèle vengeresse
Où sont inscrits les patronymes des héros
Honneurs aux morts, à tous ceux tombés sans un mot !

Méditer braves gens, la guerre est folie
Furie des humains, elle n’est jamais abolie
Que ma mort vous serve, éviter ces horreurs
Sauver vos vies et fuir les fureurs d’un führer !

Voyage en enfer

Chaque nuit, de nouveau l’éternel cauchemar
J’ai mal ! Si je pouvais, ne plus me souvenir
Je pourrais m’endormir et larguer les amarres
Evacuer de l’esprit, ces maux à bannir !

Je revis, je revois, je ressens et je meurs
D’incessants tourments qui rongent les fondements
De mes pensées, des humeurs, rumeurs et clameurs
Carnaval de douleur, à crier d’hurlements !

Au matin, sur la peau, des sueurs de métal
Dans la bouche, le goût amer, du temps passé
A combattre dans les tranchées, un jeu brutal
La mort autour de moi, la peur de trépasser !

Le feu des enfers, le fer brûlant de l’obus
Eclatant, déchirant les chairs, mettant à nu
Nos ancestrales torpeurs, toujours à l’affût
Epiant l’ennemi, attendant sa venue.

Comment survivre, avoir vécu tant d’horreurs
Rester indemne, je ne peux plus supporter
Les réminiscences des combats, les frayeurs
Des soldats à l’assaut, les corps déchiquetés !

Je porte les cendres de la guerre, relique
D’un voyage vers l’abîme, vers le néant
Où l’homme n’est plus humain, arme métallique
Au service de la folie de mécréants !
 
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