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La femme chancelante - Max Ernst - 1923
Je me noie
dans la pluie
de mes mots
absolus et intrépides
Ce sont de méchants mirages,
fleurs qui poussent sans eau
Ils complotent en silence
tandis que je me tais
Ils tissent un grand jardin
de peurs et de peines
vidé de tendres ombrages
Ils s'avancent vers moi
en giron frileux
qui ne retient que l'orage
Mes mots en cosses cotonneuses
où mon âme est captive
mordent sans relâche
mon souffle rescapé de l'hiver
Ils me saignent le coeur
alors même qu'ils s'évadent
Leur absence est plus cruelle encore
que les liens organiques
par lesquels ils m'empiègent
Je m'efface,
impuissante,
dans la nuit
de mes mots
et je vole en éclats
sous leur joug infernal