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Poème Montre ta langue, oh qu’elle est laide !

Peniculo

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#1
Montre ta langue, oh qu’elle est laide !

« Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques. »André Chénier

1 Enfin Malherbe vint… ( Nicolas Boileau (1636-1711 )

Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,
Fit sentir dans les vers une juste cadence,
D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la muse aux règles du devoir.
Par ce sage écrivain la langue réparée
N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée.
Les stances avec grâce apprirent à tomber,
Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber.
Tout reconnut ses lois; et ce guide fidèle
Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle.
Marchez donc sur ses pas; aimez sa pureté,
Et de son tour heureux imitez la clarté.
Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,
Mon esprit aussitôt commence à se détendre,
Et, de vos vains discours prompt à se détacher,
Ne suit point un auteur qu'il faut toujours chercher.
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d'écrire apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux;
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain

L’art poétique, chant I, v.131-162

2 Fard sémantique de Boilatasse !

Enfin la télé vint et la première en France
Dénatura la langue avec extravagance
Les mots assassinés perdirent leur pouvoir
Et les muses subirent de terribles déboires
Les textes que des sots avaient dénaturés
Martyrisant la langue n’étaient plus raturés
Des vocables nouveaux s’en vinrent enjamber
Tant la prose que le ver que le temps fit sombrer
Perdant cette rigueur qui étaient nos modèles
Au sens des racines on devint infidèle
On oublia le temps où quelque pureté
Gardait pour dire tout un peu de dignité
Il faut en s’exprimant pouvoir se faire entendre
Le charabia des sots empêche de comprendre
Et les media vaincus se sont fait entacher
Par l’argot des télés chaque jour rabâché
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont de langue vulgaire souvent embarrassées;
Et la raison de l’homme ne sachant s’exercer
Avant de palabrer ne sait plus que penser
Il est vrai que les temps sont devenus obscurs
Que le savoir déserte un reste de culture
" Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément."
Mais hélas on triture notre lange sacrée
Sa noblesse n’est plus en nos esprits encrée
Et même la musique des mots qui l’enjolivent
Disparaît déformée sur de boueuses rives
On ne sait plus scander les sons mélodieux
L’évolution en fit un fatras pernicieux
On ne se comprend plus le mot devient torture
Et plaire en s’exprimant devient une aventure
La langue déplaisante en oublie son latin
Seuls quelques doux rimeurs en gardent le satin.



 

loulette

Grand poète
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#2
Etant moi même une poétesse "boiteuse"(je l'assume) j'ai tout lu avec intérêt .......Je transmets ces textes ,à un ami poète et écrivain tourangeau, MERCI§
 

Peniculo

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#3
Madame boiter n'est rien si le neurone est vif
L'ombre d'un compliment est déjà fort jouissif
Et me sentant planer vers la jolie Touraine
Je Relis la Pléiade pendant une semaine.

Merci.
 
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