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Quittant le chaleureux petit hôtel, refuge
Choisis pour deux jours de répit, je m'étonnai
De ma mise : cravate à mon col boutonné ?
Costume noir pour ma promenade dans Bruges ?
Est-ce sa bile, cimentée dans les murs,
La gravité de ses mystiques architectures,
Les gris déposés sur les âmes par sa nue
Qui me conseillèrent de soigner ma tenue ?
Je marchais à ce rythme que seules autorisent
Les prémisses des soirées dominicales :
La lumière et les sourires s'amenuisent,
Les pensées se rapetissent dans leurs cales.
Dix-sept heures. Les beaux carillons retentirent
Du Beffroi ; leurs notes glissèrent sur les eaux-
Miroirs : omniprésents et multiples canaux
Que, par les jolis ponts, j'enjambai, sans soupirs.
Longeant la Maison-Dieu Saint-Joseph, j'entendis
L'approche d'un cheval : ce sombre cliquetis
M'obligea à me retourner. Et je la vis :
Une cavalière, elle aussi en beaux habits.
Mon regard, surpris, admiratif, la ferra.
Sa lavalière lui donna ce teint si beau :
La couleur douceâtre de l'ultime trépas.
Elle m'offrit son attention, celle du bourreau.
La robe de la monture était aussi noire
Que sa veste cintrée ; sa très longue tresse
Rousse s'embrasait dans la pénombre du soir,
Flamme qui ne réchauffait aucune détresse.
Ses jambes bottées firent deux mouvements
Brefs, discrets : elle quitta, toujours sans mot dire,
La NieuweGentweg et mes futiles tourments.
J'étais impassible. Je voulus me maudire.
Intrigué, je me réfugiai au Béguinage
Pour goûter enfin à son silence sans âge.
Beaucoup plus tard, dans la chambre, je rédigeai
Ces vers, souvenirs d'un Bruges bien singulier.
Lorsque, dans cette petite ville de Flandre,
Vous rencontrerez l'écuyère inconnue,
Songez à mes rimes ; adressez-lui sans attendre
La question : "Mevrouw, in welke wereld leeft u ?" (*)
(*) "Madame, dans quel monde vivez-vous ?"
Choisis pour deux jours de répit, je m'étonnai
De ma mise : cravate à mon col boutonné ?
Costume noir pour ma promenade dans Bruges ?
Est-ce sa bile, cimentée dans les murs,
La gravité de ses mystiques architectures,
Les gris déposés sur les âmes par sa nue
Qui me conseillèrent de soigner ma tenue ?
Je marchais à ce rythme que seules autorisent
Les prémisses des soirées dominicales :
La lumière et les sourires s'amenuisent,
Les pensées se rapetissent dans leurs cales.
Dix-sept heures. Les beaux carillons retentirent
Du Beffroi ; leurs notes glissèrent sur les eaux-
Miroirs : omniprésents et multiples canaux
Que, par les jolis ponts, j'enjambai, sans soupirs.
Longeant la Maison-Dieu Saint-Joseph, j'entendis
L'approche d'un cheval : ce sombre cliquetis
M'obligea à me retourner. Et je la vis :
Une cavalière, elle aussi en beaux habits.
Mon regard, surpris, admiratif, la ferra.
Sa lavalière lui donna ce teint si beau :
La couleur douceâtre de l'ultime trépas.
Elle m'offrit son attention, celle du bourreau.
La robe de la monture était aussi noire
Que sa veste cintrée ; sa très longue tresse
Rousse s'embrasait dans la pénombre du soir,
Flamme qui ne réchauffait aucune détresse.
Ses jambes bottées firent deux mouvements
Brefs, discrets : elle quitta, toujours sans mot dire,
La NieuweGentweg et mes futiles tourments.
J'étais impassible. Je voulus me maudire.
Intrigué, je me réfugiai au Béguinage
Pour goûter enfin à son silence sans âge.
Beaucoup plus tard, dans la chambre, je rédigeai
Ces vers, souvenirs d'un Bruges bien singulier.
Lorsque, dans cette petite ville de Flandre,
Vous rencontrerez l'écuyère inconnue,
Songez à mes rimes ; adressez-lui sans attendre
La question : "Mevrouw, in welke wereld leeft u ?" (*)
(*) "Madame, dans quel monde vivez-vous ?"