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Hors ligne
Qui a dit que l’histoire ne repassait pas les plats ?
Il m’est arrivé de déplaire
En étant un peu pamphlétaire
Et l’on me dit que j’exagère
Avec ma langue de mégère.
Mais la satire est faite ainsi
Pour certains elle est un souci !
J’ai retrouvé dans mes bouquins
Un morceau digne d’un devin.
Lisez-le, car il est probable
Qu’aujourd’hui il est applicable.
Car dans le siècle dix septième
Quand le peuple menait carême
Le génie de ce grand auteur
Rimait tel un réprobateur.
Voici, des vers un peu vieillots
Qui, en changeant bien peu de mots,
Seraient bien aptes à définir
Le présent, le proche avenir,
À moins qu’une auguste clémence
De Cinna, nous donne conscience.
"Si l’amour du pays doit ici prévaloir,
C’est son bien seulement que vous devez vouloir ;
Et cette liberté qui lui semble si chère,
N’est pour Rome, seigneur, qu’un bien imaginaire,
Plus nuisible qu’utile, et qui n’approche pas
De celui qu’un bon prince apporte à ses États,
Avec ordre et raison les honneurs il dispense,
Avec discernement punit et récompense,
Et dispose de tout en juste possesseur
Sans rien précipiter de peur d’un successeur.
Mais quand le peuple est maitre, on n’agit qu’en tumulte ;
La voix de la raison jamais ne se consulte ;
Les honneurs sont vendus aux plus ambitieux,
L’autorité livrée aux plus séditieux.
Ces petits souverains qu’il fait pour une année,
Voyant d’un temps si court leur puissance bornée,
Des plus heureux desseins font avorter le fruit
De peur de le laisser à celui qui les suit ;
Comme ils ont peu de part aux biens dont ils ordonnent,
Dans le champ du public largement ils moissonnent,
Assurés que chacun leur pardonne aisément,
Espérant à son tour un pareil traitement :
Le pire des états c’est l’état populaire.
Et toutefois le seul qui dans Rome peut plaire. "
(Cinna ou la Clémence d’Auguste Acte II, scène première – Pierre Corneille- 1641)
Il m’est arrivé de déplaire
En étant un peu pamphlétaire
Et l’on me dit que j’exagère
Avec ma langue de mégère.
Mais la satire est faite ainsi
Pour certains elle est un souci !
J’ai retrouvé dans mes bouquins
Un morceau digne d’un devin.
Lisez-le, car il est probable
Qu’aujourd’hui il est applicable.
Car dans le siècle dix septième
Quand le peuple menait carême
Le génie de ce grand auteur
Rimait tel un réprobateur.
Voici, des vers un peu vieillots
Qui, en changeant bien peu de mots,
Seraient bien aptes à définir
Le présent, le proche avenir,
À moins qu’une auguste clémence
De Cinna, nous donne conscience.
"Si l’amour du pays doit ici prévaloir,
C’est son bien seulement que vous devez vouloir ;
Et cette liberté qui lui semble si chère,
N’est pour Rome, seigneur, qu’un bien imaginaire,
Plus nuisible qu’utile, et qui n’approche pas
De celui qu’un bon prince apporte à ses États,
Avec ordre et raison les honneurs il dispense,
Avec discernement punit et récompense,
Et dispose de tout en juste possesseur
Sans rien précipiter de peur d’un successeur.
Mais quand le peuple est maitre, on n’agit qu’en tumulte ;
La voix de la raison jamais ne se consulte ;
Les honneurs sont vendus aux plus ambitieux,
L’autorité livrée aux plus séditieux.
Ces petits souverains qu’il fait pour une année,
Voyant d’un temps si court leur puissance bornée,
Des plus heureux desseins font avorter le fruit
De peur de le laisser à celui qui les suit ;
Comme ils ont peu de part aux biens dont ils ordonnent,
Dans le champ du public largement ils moissonnent,
Assurés que chacun leur pardonne aisément,
Espérant à son tour un pareil traitement :
Le pire des états c’est l’état populaire.
Et toutefois le seul qui dans Rome peut plaire. "
(Cinna ou la Clémence d’Auguste Acte II, scène première – Pierre Corneille- 1641)