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REGARDS D’OURS..

(Récit poétique basé sur un fait vécu par l’auteur,
alors qu’il travaillait au Nord du Labrador
En septembre 1994…)
Un matin nordique,
Trois ours polaires,
Au regard caustique,
Et à l’allure fière,
Arrivèrent au camp,
Affamés et menaçants…
L’odeur de la cuisine,
Et d’un bon déjeuner,
Les avaient attirés ;
Groupés comme une clique,
Ils montrèrent leur mine,
Par la grille du portique…
Leur arrivée impromptue,
Causa un vif émoi,
Et un très grand effroi,
C’est bien entendu ;
On fut glacé de froid,
Un court instant perdu…
Le cuisinier en sursaut,
Fâché de se faire voir,
Par ces regards curieux,
Attrapa un grand sceau,
Et le frappa avec sa poire,
En criant d’un air furieux…
Effrayés par tant de bruits,
Inhabituels et soudains,
Les ours vivement détalèrent,
Paniqués et surpris ;
Et ils se réfugièrent,
Près d’une butte, non loin…
Cette fuite temporaire,
Nous donna le temps,
De prendre nos fusils,
Et d’armer nos esprits ;
Puis, souffle haletant,
On tira haut, en l’air…
Par voix éclatantes,
Et balles sifflotantes,
Pas à pas, on avança,
Vers les ours embêtés ;
Deux s’en sont allés ;
Un, ce goujat, resta…
Trois jours et deux nuits,
Il nous tint en haleine,
Rôdant autour du camp,
Voulant entrer dedans,
Pour remplir sa bedaine,
Et rassasier ses envies…
Après la deuxième nuit,
L’ours sembla disparu ;
Méfiant, je dis à l’Inuit :
« Viens m’accompagner,
Pour savoir si l’intrus,
Est parti ou bien caché… »
Armés jusqu’aux dents,
On avança lentement,
Vers le site du dépotoir,
Où, on l’avait bien vu,
Furetant, tard, hier soir ;
Soudain, on l’aperçut…
Furieux par notre venue,
L’ours , vif, nous chargea,
Sans trop de retenue ;
Puis, il arrêta sa foulée,
En avant, à vingt pas,
Espérant nous apeurer…
Devant notre insistance,
À le faire décamper,
Il dressa sa prestance,
Pour livrer le combat ;
Érigé en maître, il avança,
Pour nous faire reculer…
Regards dans regards,
Yeux dans les yeux,
On céda à l’avancée,
De l’ours blanc coléreux,
Reculant au hasard,
Sans frayeur trop montrée…
Sur plus de trois cents pieds,
Dura la confrontation,
Nous tenant prêt à tirer,
Mais, avec grande hésitation,
Pour ne pas le blesser,
De mauvaises façons…
Enfin, il sembla se fatiguer
De notre grande combativité,
Alors, il détourna son regard,
Les yeux devenant hagards ;
Puis, lentement, il commença,
A retourner sur ses blancs pas…
Conscients de gagner,
Ce terrible combat,
D’un bond accéléré,
Sa fuite, on empressa,
Par des coups de fusils,
Tirés tout près de lui…
Vers la mer, son domaine,
On le repoussa ainsi,
Ce qui fut fait sans peine,
L’ours ayant, enfin, compris,
Qu’au camp où nous vivions,
Les maîtres, nous étions…
Quel grand moment,
Fut ce court instant,
De pur face à face,
Entre des êtres de race ;
Quel souvenir inoubliable !,
Quelles émotions ineffables…
© Tous droits réservés
Jean-Marc Simard (CIMART)