Poème Un des trois points de suspension de la nuit qui s'achève.

Cinq heure du matin
les phares du taxi sont éteints
il pleut des nuages tristes,
une poupée dont la robe est une gifle
un magicien avec une valise remplie
de tout ce qu'il n'a pas réussi à faire disparaître
devant la cage d'escalier,
Des doigts sur la poignée
c'est le synonyme de trop tard
c'est ferme ta gueule en verlan dans un couloir trop long
au milieu de la machine à remonter le temps
c'est
des doigts dansant dans une flaque d'eau
pour le moignon d'une main,
Elle enlève ses vêtements
et se glisse entre les draps
qu'elle remonte sur sa poitrine
elle n'aime plus ses seins
usés par les miroirs violents,
il les aperçoit furtivement
sent des fourmis dans la paume de ses mains
Sur ses épaules ne tiendrait pas deux perroquets côte à côte
mignonne, fragile, .
Il vire ses fringues
bancal au bord du lit, sa carcasse en objets trouvés,
seul la rouille sur ses avaries est flambant neuve
la longue nuit déroule sa houle sous ses pieds.
Il hausse les épaules et sourit
et la rejoint sous le drap
sans certitude
mais sans crainte
Elle dit ou demande
je peux éteindre la lumière
il ne trouve aucune intonation dans sa voix
juste qu'elle va comme un gant avec ses lèvres.
Il répond
pourquoi pas
avant de l'embrasser.
La pénombre les accueillent.
Elle dit
comme pour s'en excuser
"j'ai un peu peur dans la lumière. Avant d'ajouter.
Peur de moi. Je me sent moche.
Il comprend, n'en rajoute pas, reprend ses lèvres, juste après avoir dit
"Si on était parfait on ne serait pas aussi beau".
Autrefois
dans cette pièce
les amants portaient d'autres noms,
il y avait des chants d'oiseaux
qui se faufilaient à travers la fenêtre ouverte
les corps n'étaient qu'orgueil et brûlure, sentence et révolte. Passion et colère.
L'été les dévorait avec leurs propres chair.
Autrefois,
Un peu plus tard
lorsqu'ils se désunissent et que l'aube exclu se heurte aux fenêtres
rien n'a changé, finalement
la même note termine la même chanson
joué juste sur un tempo un peu plus lent.
Le drap a roulé sur le sol
elle regarde le plafond
tandis que sa poitrine se soulève un peu plus lentement maintenant
et qu'une minuscule goutte de sueur en veille
s'échappe d'une boucle de ses cheveux
dévale le bord de son oreille
suivant un parcours minutieux et sans conséquence.
Dans la pénombre
elle dit en tournant son visage vers lui,
"t'es pas un saboteur, comme mécanicien
il répond, la tête de travers, enfoncée dans le matelas, a plat ventre,
J'ai jamais vu un moteur aussi agréable a démarrer.
Elle le regarde
souri
pense merci mais ne dis rien
lui aussi
ne sabote rien.
C'est beau, ce moment.
Voilà tout ce qu'il trouve à dire.
Peut être même qu'il ne le dis pas.
C'est juste du silence qui vient,
un des trois points de suspension de la nuit qui s'achève.