Poème Un jour à Yellowstone

Lorsque les cieux s'assombrissent par un soleil lointain
Qu'apparaisse la lune soudaine aux rayons d'étain
Sans un mouvement l'impétueux silence s'installe
En un ballet de tempêtes d'argent et de cristal.

Le froid se fait, le gel s'immobilise en blanche traîne
Tout se confond où l'âme se morfond: les lacs aux plaines
Les fleuves sont gelés là où plus faible est le courant
Ce qui devient alors un ruisseau était un torrent.
Sous l'épaisse couche de glace poussent des djeisers
Cassent la glace, brisent le blizzard, fendent les airs.

Je rêve qu'un jour en loup pouvoir me réincarner
En un profond et sinistre hurlement à déchirer
Les sombres cieux et la lune claire à faire trembler
Le grizzli en son antre et les wapitis esseulés.

Je serais un loup lugubre et puissant en pleine lune
Coursant le bison, chassant le renne à travers les dunes;
Loup solitaire ou en meute de loups je voyagerai
Par delà la plaine, par delà les bois enneigés;
Partout cherchant toujours de quoi se mettre sous les crocs
Mes pleurs vogueront sous les monts et même bien plus haut
Comme une triste prière de douleurs dans les cieux.

Le regard sombre comme mon pelage ténébreux
Perçant la peur comme une de mes griffes aiguisées
Bravant le froid d'un impatient orgueil non déguisé
Je traquerai ma proie qui s'épuisera avant moi
Avant que la mort me prenne dans le froid sans effroi.

Mais mon cri toujours retentira comme une prière
Implorant un monde meilleur sous ce triste univers
Sous ces étoiles qui s'orgueillent à savoir qui brillent
La plus sachant que brillent le plus mes noires pupilles.

Et jamais un son ne sera plus autant déchirant
Que celui du loup à la pleine lune discutant,
Ni plus puissant que le son du vent glacial accroché
A l'écho de mon cri dans le parc aux jaunes rochers.

Theysgeur-S., 25-28/08/2013, Elbeuf-Val-de-Reuil