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La femme de Gilbert ou l'opinion sur rue ...
« Tout part en distribile » se plait à dire la-femme-de-Gilbert à chaque fois qu’elle commente l’indigence des actualités. Et Dieu sait si…Mais au fait connaissez-vous la-femme-de-Gilbert ? Mais oui, suis-je bête ! Bien sûr que vous connaissez la-femme-de-Gilbert ! Tout le monde connaît la-femme-de-Gilbert.
La-femme-de-Gilbert ! Le bulletin d’actualités de Bru-sur-Furgens. La gazette de Pont-Saint-Martin ! Le semainier de Voisins-Lafête, c’est elle. Ce petit bout de femme « à qui on ne la fait plus depuis longtemps », coquette, un peu ronde, indissociable de son « mon Gilbert » dont la fidélité tient du miracle pour les autres, de l'exploit pour les autres.
Frappée au coin du bon sens, elle a hérité de la bosse du savoir instinctif, ce qui, par conséquent, lui confère un avis sur tout ! Ah si elle était au gouvernement, sûr que le monde tournerait autrement … Pas besoin de faire de hautes études si c’est pour ne plus savoir appeler un chat un chat.
la-femme-de-Gilbert ! … Un personnage qui … enfin que … bref un personnage quoi !
Mais suivez-la et allons baguenauder dans les rue du village les jours de marché, elle a forcément quelque chose à raconter dans son langage à elle sous sa rubrique « A c’qui parait » …
A c'qui parait "La livraison"
J’ai pas le temps de m’arrêter Hélène, on doit me livrer une armoire… et le Gilbert sans moi il est perdu.
La dernière fois, on a été livré mais y’avait un défaut, j’ai refusé de la prendre. C'est que les livreurs y z'étaient pas contents ... Et ben j'peux vous dire qu'avec moi y z'ont pas eu le dernier mot, y sont repartis avec l’armoire et le rabais qui voulaient nous faire.
Vous vous rendez compte ? Y m’l’avaient livrée avec une balafre ! ...
Vous voulez que j’vous dise, Hélène, moi on m’a pas au rabais !
C’est qu’heureusement que j’étais là ! Sinon le Gilbert y se serait laissé embobiner. Y z’ont été nous chanter qu’y en avait pu en stock… qui fallait compter deux mois avant d’être livré…
J’ai dit non, et vous me connaissez Hélène, moi quand je dis non c’est non, j’fais du boudin !
Je suis sûre qui z’ont tenté le coup en se disant que c’était des petits vieux. J’peux vous dire qui sont tombés sur un os coupant… Y sont repartis comme y sont venus mais avec la tronche en biais !
Vous auriez vu l’armoire, on ne pouvait pas ne pas l’avoir vu ce défaut, comme le nez au « miyeux » du visage, à moins d’êt’e aveugle, mais moi des livreurs aveugles j’y crois pas trop, j’en ai jamais vu ou alors faudrait me donner l’adresse pour ma curiosité.
C’est que j’ai pas acheté un invendu, moi… Qu’est-ce qui diraient si je les payais avec des billets déchirés en leur disant que c’est tout c’que j’ai en stock dans mon porte-monnaie ?! On est d’accord Hélène, j’ai raison !!
Et vous voulez que j’vous dise ? Une semaine après l’épisode voilà qui z’ont retrouvé la vue dites donc, y me livre mon armoire que j’mettais faite à l’idée pas avant deux mois !! Comme quoi parfois ça vaut le coup de faire du boudin !!
Quand je pense que j’ai annulé le coiffeur pour une balafre, oh non y’a de quoi s’arracher les cheveux !!
J’vous laisse Hélène dès fois qui seraient en avance, j’veux pas me mett’e en retard !
Je vous embrasse pas, j’ai du rouge.
Z.