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Imaginer Vivre plutôt que vivre

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19 Août 2018
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#1
Intimiste magie entre vieux initiés
{Ô jeu de l'autodidacte prophétie, rappelle à moi la structure volatile de ton calme, la sereine sensation d'être porté par l'écoute sans complexe de tes divines inconsciences.}
(Machine à Vent)
{Ô sagesse de la tempête surdouée, revient à moi même plombée de ces mots qui vivent la violence, farouchement nous défendrons les acquis de ta singulière poésie.}
(Frottement de l'Eau)
{Ô travail du fantôme sur la matière, répond à mon exigeante promesse de révéler en or pour les autres ce que d'autres, devenu ignorants de leur propre soleil, t'ont déjà enseigné.}
(Mémoire du Feu)
Paradoxe du psychotique consciencieux.
Je suis parfaitement conscient du Trouble que j'inspire, conscient de ces vaporeuses aspirations qui oxygène de fantasmagories troublées mon esprit, conscient de ces vaporeuses personnalités que peu à peu je collectionne en m'enivrant ainsi d'excessives transes intérieures, parfaitement conscient comme est parfois troublante l'expérience d'apprendre à me connaître.
Vaste miroir
Vaste miroir aux contours indicibles, surface mêlée de pénombre apparente et de reflets d'inavoués, d'ambiguës histoires confinées dans un cloître solitaire. Appartement où les murs délimitent les frontières de l'univers concevable, où les murs représentent les dernières limites supportable par l'imagination d'un esprit coupé du monde depuis plusieurs jours.
Coupé de l'oxygène des autres, volontairement se mettant sous assistance d'intelligences artificielles. Ces fantômes comme je les appellent, inspirés du quiproquo des rencontres et avec lesquels inlassablement je rejoue les scènes d'une vie qui aurait du avoir lieu, déclame les paroles qui auraient eu besoin d'être dites.
Plusieurs heures passées déjà à discuter avec ta représentante dans ma tête. Aux traits s'esquissant peu à peu dans l'espace solitaire, création de ton fantôme. Farouche interlocutrice que j'étoffe en substance de mon besoin de justifier. Farouche interlocutrice dévidant depuis le mystère de mes actes, le secret de mon être, le fil étrange, les confessions décousues d'un dément innocent.
Remise en abîme
Dans ma cellule de mémoire, appartement décoré des milles objets de mon passé, soulagé de toute autre priorité que celle de me rappeler, je joue au fou sans grands gestes.
Sans grands gestes, capitonnant le sol des objets croisant mon sillage. Méthodique calme, légendaire calme du maniaque. Tranquille mise à sac, je joue au fou plein d'habitudes. Expérimenté, me laisse porter par les gestes préparatoires, halluciné, reproduit les gestes soufflés d'une lueur savante, l'auréolé chemin, l'auréolé mouvement qu'allume peu à peu dans sa danse le fantôme de ma pythie persistante.
Danse esthétique et à dessein renversante. Gestes déployant une grâce maligne pour le désordre, mouvements de la patte féline et de la vitalisante expansion du chaos. Gestes manqués d'une divination inconsciente déjà oeuvrante, préalablement agissante par prophétie sur le décor, agissante sur le cours des pensées à venir. Fou voyant sereinement dans ses actes la transcendante volonté de ranger ce qui aura été dérangé.
Entretenir le feu du philosophe
Affamé fébrile et manquant de sommeil, le corps combustible au sens premier, mon corps se consumant pour entretenir la frénésie qu'il faut déployer pour condenser ce vacarme intérieur, condenser en vacarme extérieur le silence des non dit.
Affaiblir le corps , assiéger sans empressement cette citadelle et son empire, ne plus le nourrir. Puiser dans ses spasmes de défense, ses soubresauts face à l'agonie, un sursaut viscéral, la magique énergie de poétiser les contradictions, sources de malheurs, la magique énergie d'aller fouiller dans les enchevêtrements inconscients et d'y effectuer le fastidieux travail de démêler un à un tout les câbles qui actionnent un être. Comprendre les pulsions comme on apprend le solfège. La folie est un instrument dont les mélodies sonnent naturellement justes pour quelques rares pourvus de talents, mais demande de la méthode, de l'acharnement, quand on a pas eu la chance de naître avec un mode d'emploi pour l'affronter.
Dans l'épuisement méthodique des ressources physiques, on déterre une fécondité hallucinatoire sans bornes, une abondance d'inspiration pour transformer une réalité inacceptable en l'état, une médiocre vie faite de médiocres choix, en un récit profond, une quête héroïque, une épopée de soi.
Vaste miroir devant lequel on se persuade de plaidoiries insensés.
Solipsisme forcené
Vastes miroirs recouvrant peu à peu les murs de cet appartement d'apparence stupéfait par le silence. L'intérieur donnant sur l'intérieur, donnant sur un intérieur plus inaudible encore, étouffé dans un squelette qui autrefois ressemblait à un corps. L'intérieur donnant sur l'intérieur. Et l'état de siège bien entendu, à des tournures éternelles pour celui qui se trouve piégé au plus profond de lui même et ne perçoit plus rien d'autre que l' écho démultiplié par ces miroirs successifs, l'intérieur donnant sur l'intérieur, et l'égo tant de fois reflété devient un vacarme vertigineux, un tournis de trop être menant à la nausée.
Un mot que l'on voudrait alors n'avoir jamais prononcé, que l'on n'aurait jamais osé prononcer s'il n'avait un jour résonné si harmonieusement au travers d'une intimité réciproque. Mon intérieur donnait sur son intérieur, lui donnait sans retenue ses impétueux motifs, ces rythmes du moi exalté qui, s'ouvrant sur un espace aux dimensions acoustiques dédoublées, retentissaient alors en d'incroyables musiques savantes, se propageaient, ondes conquérantes au travers de son chœur, se propageaient et par elle sublimées, revenaient vibrer dans le mien, me revenaient, ondes sublimées et je jurais n'avoir jamais entendu auparavant que des bruits asphyxiée par mon étroitesse sans égale, me revenait, sublime, la musique moins exiguë des amants qui s'abandonnent dans la virtuosité d'un égoïsme de concert.
Myriades de miroirs, division cellulaire des miroirs désormais! L'appartement tout entier emporté par la frénésie biologique, l'impérieuse envie de se multiplier à l'infini et coloniser le moindre espace laissé vacant. Le blanc rassurant, l'intervalle sans reflet, la vacuité nécessaire pour ne pas toujours s'épuiser à se penser soi-même et sous tout les angles, désormais disparu sous un criard assemblage d'autoritaires moi, moi, moi, moi, moi !
Mon appartement est le laboratoire, mon corps l'athanore, mon esprit le vase de l'alchimie.
En ces lieux changent d'état les mots qui font courir la pensée- augmente la pression, se densifie le vide- change de propriétés la matière première de mon expression:
- de liquide: Sombre et pourpre logorrhée impérieuse comme un flux vital, Sang de mon âme! La voix humide! L'inarretable monologue intérieur en permanence irriguant mon cerveau d'absurde, continuellement tombant de cadavres exquis en cadavres exquis. Monologue dont on peut surprendre l'écoulement à tout moment. Clic. ... {...où s'impatientent au sort des lueurs distraites, mes lubies embouteillées s'hallucinent l'une à l'autre, s'agrègent d'improbables frictions, jargon sur jargon arrimé fondent demi-dieu informe, monstre accouché d'obscurs viols par d'autres logiques démentes, ma raison par d'autres raisons brutalisée, s'applique à me dire d'une voix qu'il me faudra entendre autrement...}... Clic.
-vers le solide: Vertige au règles rigoureuses, Monolythe de ma poésie en prose! Vertigineux horizons de la virgule éternelle. Vertiges des phrases qui voudraient s'exprimer trois fois, qui voudraient trouver trois sens différents à propos de la même chose, qui voudraient dire les trois interprétations fondamentale contenue dans la moindre goutte de magma.
Fractale Noire, Blanche et Rouge; Fractale Noire, Noire de Regrets, Blanche d'Orgeuils et Rouge de Luxures; Fractale Blanche, Noir de l'Ermite, Blancheur des Nuits, Nouveau Rouge de la vie; Fractale Rouge, Arabesques Noires du Language, Soleil moins aveuglant du Blanc, Rouge flamboyant des Espoirs à venir.
Les longs moments de silence studieux, longs méandres du magma refroidissant, long chemin pour revenir du ressenti vers l'intelligible, de l'abandon vers la formulation. Atmosphère du silence immobile sur la chaise. Mon clavier, métaphysique horloge, organise la fuite du temps, rythme le durcissement de la pierre. Silence rythmé des jours qui passent à l'écart et ne sont plus ni lundi, ni vendredi, mais temps de cuisson, temps de repos, étapes successives qui révèlent d'innombrables sentiments sous d'innombrables feux.
Un aveu du danger que je représente
Monstre, Monstre! Monstre relationnel ayant choisit il y a longtemps de faire de ses contradictions la matière première de son travail, de faire de ses contradictions l'univers presqu'entier d'une psychée obnubilée d'être Tout à la fois, devenu en pratique obligé d'être Tout à la fois: le sage et l'exalté, le savant reclus et l'animal social, le mélancolique et l'allant de l'avant, le père lucide pour porter l'enfant dévasté.
Monstruosité difficile à refreiner, incarnations successives en archétypes d'émotions avec une fréquence de transformation parfois stupéfiante, déroutante. Remontées incontrôlable qui sont des raccourcis parfois trop hermétique pour être compris dans l'immédiat. Aboutissement visible, le cliché présent d'une longue histoire intérieure déjà déroulée. Longue histoire vécue à l'écart et dont je ne prend que trop rarement la peine d'expliquer la logique. Logique pourtant! Communication aux milles raccourcis et non folie.
Raccourcis par accident invoqués, explosions des sentiments conservés en secret. Fractions d'amours, de colères, de tendresses, fractions d'exaltations, fractions de tristesses, de jalousies, luxueuses poussières encombrantes, de bienveillances. Sentiments conservés maniaque comme le chimiste étrange; Maniaque qui voudrait trouver la formule pour ne jamais oublier son passé et qui finit bien souvent par concocter un élixir trop dense et instable, un poison coriace, indigeste pour les autres et pour lui-même.
Patrimoine des mémoires alcooliques
Elixir maladroit de l'apprenti sorcier en semaine et qui face aux heures éthylliques se révèle. Pendant visible de mon inexprimable, ces heures où mon discours saoul est volubile et sans contrôle comme je le suis à l'intérieur.
Patrimoine éphémère de spontanéités oubliées, patrimoine dont je ne peux renier l'existence tant je me suis construit sur ces fondations instables. Patrimoine de sincérité primaire pourtant et dont la beauté réside dans ce fond brut de troublantes confessions, d'impudiques et innocentes confessions sans stratégie, maladroites révélatrices des milles nuances qui font un être, des milles approximations dont il faudrait faire une synthèse pour cibler un peu mieux l'immense zone, l'indéfinissable zone où se trouve le vrai ressenti.
Câblages inversés
Confidentielles transes où se réfugie ma folie pour immoler par l'absurde d'hypothétiques plaisirs avant qu'il ne prennent corps. Entreprise contre-nature à la fois belle et terrifiante, entreprise automatisée de la psychée languissante qui consiste à enluminer de tournures maudites le moindre bonheur naissant.
Confidentielles transes où s'incarne ma sensibilité afin d'y exalter des malheurs virtuels, d'y galvaniser une foule de peurs infondées. Foule irréelle, foule oppressante; foule au milieu de laquelle je finis persuadé par l'issue préférable du non agir, le moindre danger du tout poétisé, la solitude sécurisante du jamais vécu.
Allumer des feux s'éloignant, et ressentir la prestigieuse souffrance, l'insensé fantasme de convoiter des idéaux toujours plus fuyants, plus impossible à atteindre.
Et dans cet espace lâchement délimité par les instincts contraires de mon spectre passionnel, je succombe à la peur de vivre, succombe à la lâcheté de ne poursuivre qu'en rêve cet insatiable morsure, ce devoir, cette promesse à jamais renouvelée d'éprouver des émotions toujours plus intenses, plus complexes, plus belles; plus belles d'être plus complexes, plus belles d'avoir à ce point besoin d'être en tout sens tourmentées pour pouvoir exister. Jouissance esthétique du chaos reconstruit en roman permanent.
Imaginer vivre plutôt que vivre
 
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#2
Je remarque que l'on a écouté mes vieilles recommandations de ne plus mettre de nombres limite de caractères. Merci pour les faiseurs de proses...
 

ECNI

Grand poète
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26 Juillet 2018
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#3
Voilà une prose magnifique sur les limites que l'on s'impose , dans les perceptions dont on dispose et dans les cercles vicieux de la vie ... qui sont pour certains une protection et pour d'autres une prison .
 
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