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Le Spleen de l’Artisan
L’ébéniste est gêné il craint que ne s’éclate
Dans le bois précieux la veine délicate.
Affûtant son ciseau sur une pierre douce
Il vérifie le fil sur le bout de son pouce
Et freinant avec art de son outil l’appui
Il retire le copeau lui causant un souci.
Il reste à araser un petit monticule,
D’un rabot, un jouet, instrument minuscule,
Il parfait la volute et l’œuvre est achevée.
Alors la pièce est prise, regardée, approuvée
Et s’essuyant le front du revers de sa manche
Il choisit d’un bois gris une nouvelle planche.
La morsure du champ de sa scie préférée
Extrait du bois si vieux la partie repérée
Et de son crayon gras apparaît sur le bois
La fleur de lys disant l’histoire de nos rois.
Ses pièces terminées emballées avec soin
Partiront sans délai vers un pays lointain.
Qu’importe leur emploi du moment que le change
Lui donne de l’argent car il faut bien qu’il mange.
De ses œuvres uniques là-bas en orient
On vendra des copies sans génie, sans talent,
Et placées une à une en fraiseuse numérique
On en produit, sans goût, des milliers de répliques.
Ne dites pas à Bertrand le sort de son travail
Il vient de commencer un superbe portail
Qu’on lui paye un prix fou ; un texan richissime
Veut voir chaque midi sa dentelle sublime
Mangeant son camembert arrosé au soda
Après un Clos Vougeot mouillant une pizza.
Son fils est fonctionnaire car l’ébénisterie
Ne nourrit plus autant qu’employé de mairie
Et jeune marié il vient chaque dimanche
Voir papa qui choisit dans ses plus belles planches
Le futur lit sculpté comme faisait grand-papa
Et apprendre en secret l’art qui ne s’oublie pas.
L’ébéniste est gêné il craint que ne s’éclate
Dans le bois précieux la veine délicate.
Affûtant son ciseau sur une pierre douce
Il vérifie le fil sur le bout de son pouce
Et freinant avec art de son outil l’appui
Il retire le copeau lui causant un souci.
Il reste à araser un petit monticule,
D’un rabot, un jouet, instrument minuscule,
Il parfait la volute et l’œuvre est achevée.
Alors la pièce est prise, regardée, approuvée
Et s’essuyant le front du revers de sa manche
Il choisit d’un bois gris une nouvelle planche.
La morsure du champ de sa scie préférée
Extrait du bois si vieux la partie repérée
Et de son crayon gras apparaît sur le bois
La fleur de lys disant l’histoire de nos rois.
Ses pièces terminées emballées avec soin
Partiront sans délai vers un pays lointain.
Qu’importe leur emploi du moment que le change
Lui donne de l’argent car il faut bien qu’il mange.
De ses œuvres uniques là-bas en orient
On vendra des copies sans génie, sans talent,
Et placées une à une en fraiseuse numérique
On en produit, sans goût, des milliers de répliques.
Ne dites pas à Bertrand le sort de son travail
Il vient de commencer un superbe portail
Qu’on lui paye un prix fou ; un texan richissime
Veut voir chaque midi sa dentelle sublime
Mangeant son camembert arrosé au soda
Après un Clos Vougeot mouillant une pizza.
Son fils est fonctionnaire car l’ébénisterie
Ne nourrit plus autant qu’employé de mairie
Et jeune marié il vient chaque dimanche
Voir papa qui choisit dans ses plus belles planches
Le futur lit sculpté comme faisait grand-papa
Et apprendre en secret l’art qui ne s’oublie pas.